mais le père du Halde rapporte (a ) que, dans une
étendue de terrain de plus de cent soixante lieues,
traversée par le canal, on n’a eu ni montagnes à
percer ou à aplanir , ni rochers ou carrières à
couper ou à creuser. Ce récit du missionnaire est
exact pour la portion que j’ai suivie en partant de
Ouay-ngan-fou pour me rendre à Hang-tcheou-r
fou , c’est-à-dire, dans une longueur de cent seize
lieues ; car pendant ce long trajet le canal 11e passe
que dans des terrains plats et unis. On ne voit des
hauteurs qu’aux environs de Yang-tcheou-fou , à
Tsin- kiang-fou, à VouTSse-hien çt à Hang-tcheou-
fou , ou finit le canal.
Si les Chinois avoient percé des montagnes ,
comme le dit le voyageur Apglois , pourquoi se
seroient-ils arrêtés à Hang-tcheou-fou, où il falloit
faire peu de chose pour réunir le canal avec la
rivière Tsien-tang-kiang!
Le canal avant Yang-tcheou-fou ne traverse pas,
mais prolonge le lac Kao-yeou-hou, et il a été
facile de construire les jetées, en profitant des bas-
fonds et des terrains peu élevés qui se trouvent
sur ses bords.
Pour le lac Tay-hou, le canal en est éloigné,
et ne s’en approche qu’après Sou-tcheou-fou, dans
un endroit où il y a un pont extrêmement long, et
(a ) Du Halde, tom( I , page. 33,
bâti sur l’extrémité même du lac. Il suffit d’ailleurs
de jeter les yeux sur la carte de JVL Macartney, pour
voir que le canal ne traverse ni lacs ni montagnes,
et même, dans cette carte, le canal est représenté
beaucoup plus éloigné de certains lacs quil ne
l’est réellement. En avouant que les Chinois ont
entrepris des travaux considérables , il ne faut
pas les représenter comme d’habiles ingénieurs ou
çomme des gens très-entendus dans I^hydraulique ;
ils ont été favorisés par le soi ou par les circonstances
, et ils ont suivi tout simplement les idées
que leur ont fournies le bon sens et I experience .
jls sont louables, certainement , d’avoir exécuté
un ouvrage aussi important que le canal impérial,
sur-tout ayant aussi peu de connoissances mathématiques
mais en leur rendant la justice qui
leur est due, on ne doit pas non plus les pré^
senter sous un jour qui 11e leur convient, pas à
certains égards.
RAT EAUX.
L o r s q u ’o n réfléchit que le commerce dune
province à l’autre est très-considérable à la Chine,
et qu’il se fait tout entier par eau , on n’est plus
étonné que les Chinois aient porté toute leur industrie
du côté de la navigation intérieure, et par
Conséquent qu’ils se soient appliques à la construç-*
tien des bateaux,.,