F I G U R E D E S C H I N O I S .
L à beauté est différemment séntie chez tous Je#
jpéuples : tel visage qui nous pafoît laid | hideux
meme , enchante et ravit íes peuples qUî y sont
accoutumés. Lés hommes né se ressemblent point,
ét chacun préfère sa figure , ou la croit beaucoup
plus agréable que celle de son voisin : on s’attend
bien, d’après cela, que la beauté à la Chine ne doit
pas être ïa même qu’en Europe. Un Chinois a la
figuré large et carrée , ié front découvert ; ses
ÿeux alongés, placés à fleur de tête , sont assez
Sâilfans pour être aperçus tous les deux à-Ia-fois
quand on le regarde de profil ; son nez est petit
et sans élévation entre les yeux ; sa bouche est médiocre
, mais ses oreilles sont larges ,- aussi en tire-
t-il un grand parti î le porte-faix s’en sert pour y
placer sa chiroutte ou cigare , et le lettré pour
arrêter les cordons qui soutiennent ses lunettes.
Les Chinois ne laissent croître leur barbe qu’à
trente ans; iis en ont peu, sur-tout ceux qui sont
nés dans les provinces du Sud : leurs cheveux sont
noirs, forts et épais.
La taille, pour être belle, ne doit pas être Svelte
et bien proportionnée ; il faut dans ce pays, pour
obtenir de la considération , être gros et replet, et
pouvoir remplir un large fauteuil. Pendant que je
voyageois dans ce pays avec M. Vanbrâam, j’ai
Vu plus d’une fois les mandarins s’extasier sur sa
forte corpulence, et lui faire des compîimens sur
les talens et les richesses qu’ils lui supposoient en
conséquence. Un homme avec le simple bon sens,
mais remarquable par son embonpoint, fait beaucoup
plus d’impression sur les Chinois , qu’un
homme doué de beaucoup d’esprit, mais maigre
et de petite stature.
f h |j|
Le ternt des Chinois est <fun bïün-claiï ; mais
cette couleur varie suivant la qualité des individus
et leur profession. Les coulis, les matelots, les
ouvriers et les laboureurs , plus exposés par état à
l’ardeur du soleil, sont plus bruns et même d’ün
brun-foncé, tandis que l’homme en place a le teint
plus clair, plus blanc et quelquefois fleuri.
Les gens riches , les lettrés et les mandarins,
sont dans l’usage de laisser croître un peu les angles
de la main gauche, sur-tout celui du petit
doigt ; cet ongle a ordinairement quelques lignes.
C ’est une mode établie et qui distingue les gens
comme il faut, car un ouvrier ne pourroit avoir
des ongles longs , puisqu’un travail continuel l’au-
roit bientôt privé de cet agrément. J’ai vu fe mandarin
chef de la police de Quanton , dont les
ongles de la main gauche avoient prés de six pouces
; mais ce que fai pu voir, et ce qù’il faut avoir
touché pour le croire, c’est la main d’un médecin
Chinois , dont 1 ongle le plus long a voit douze