
î 4 RETOUR
du lieu et les nôtres. Étant allés les rejoindre, le
lingua Chinois vint nous dire de nous retirer ,
donnant pour raison que le spectacle se donnoit
seulement pour l’ambassadeur, d’après les ordres
de l’empereur : voyant que M. Vanbraam enten-
doit très-bien ce que le Chinois nous disoit, et
qu’il gardoit un profond silence , nous pensâmes,
mon compagnon et moi , qu’il étoit plus prudent
de sortir , ce que nous fîmes après avoir considéré
un instant la disposition de la salle et de la
comédie.
La ville est assez peuplée ; les rues sont garnies
de boutiques, mais de peu de valeur : nous
étions k peine en dehors des portes , que nous
vîmes venir l’ambassadeur, précédé par des Chinois
frappant sur des bassins de cuivre , et par
deux mandarins avec des soldats. Le faubourg est
long ; nous trouvâmes en dehors deux rangées de
soldats, dont un tira des boîtes lorsque M. Titzing
vint k passer : un mandarin du Chan-tong l’escorta
tout le temps qu’il fut dans cette province.
En quittant Te-tcheou, on trouve une tour de neuf
étages. Dans cet endroit nous prîmes une autre
route dans la direction de l’est, et nous la suivîmes
pendant dix k douze jours.
La campagne dans ces cantons est meilleure ;
elle est bien cultivée , et plus remplie d’arbres
fruitiers : les maisons sont entourées d’arbres, les
chemins en sont aussi bordés, et il y a moins de
poussière que dans la route précédente. Nous
vîmes plusieurs tombeaux, dont un étoit orné de
figures d’éléphans. Ensuite , après avoir dépassé
une tour de sept étages , nous entrâmes dans la
ville de Ping-yuen-hien. La maison que nous occupâmes
appartenoit k un mandarin. Deux arcs de
triomphe en décorent l’entrée, et des arbres remplissent
la cour. Les appartemens sont grands et
fort propres : nous y trouvâmes une glace dressée
k la manière chinoise , c’est - k - dire isolée ,
et une table de pierre ou poudding jaunâtre. Il y
avoit dans un des corps-de-Iogis bâtis sur le derrière
de la maison, une grande salle dans laquelle
étoient déposés les morts de la famille , dans des
cercueils longs et bien peints , ayant k l’endroit de
la tête une petite boîte blanche. Nous demandâmes
k examiner de près ces cercueils ; mais nous
ne pûmes que les entrevoir k travers les fentes
des fenêtres, car les gardiens ne, voulurent jamais
nous permettre d’entrer.
Notre demeure étant au pied des murailles ,
nous y montâmes par une longue rampe, au haut
de laquelle on voit un petit pavillon. Elles sont
en terre battue, et revêtues en briques, dont la
majeure partie du côté de la ville, est tombée. La
largeur des murs peut être de douze pieds par le
haut. II est possible d’en faire le tour k cheval,