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veut qu’elles fassent diligence, on leur fournit des
chevaux de poste, et elles voyagent au compte du
gouvernement. Si on ne leur en donne pas, il faut
quelles marchent k leurs frais ; alors elles demandent
du temps pour se préparer : enfin , après
avoir pris les ordres de sa majesté, elles sortent
de Peking. Par-tout où le mal n’existe pas , elles
reçoivent des applaudissemens ; mais ceux qui
souffrent de ia disette, ont le temps de mourir
avant que le remède parvienne, et souvent il n arrive
que lorsque tout le monde a péri. Les commissaires
de la cour, une fois rendus sur les lieux,
visitent les greniers; s’ils se trouvent vides, ils
cassent les mandarins et punissent les subalternes ;
mais tout cela ne donne pas de riz ; et pendant
deux ou trois mois qu’on a différé d’en faire venir,
un grand nombre d’habitans sont morts de faim
et de misère.
L’usage k la Chine est de déposer dans les greniers
publics une partie des grains provenant du
tribut annuel. Cette précaution est louable ; mais
ces greniers sont ou mal administrés , ou insuffla
sans. Le P. d’EntrecoIIes a bien raison de dire que
îes fois Chinoises sont bonnes, mais qu’il seroit
k souhaiter qu’elfes fussent mieux observées (a ) .
Un trait rapporté par M. Barrow fait connoître fa
(a) Lettres édifiantes, tome X V , fttge
SUR LES CHINOIS. ' 4 4 3
manière dont íes mandarins se conduisent et exécutent
fes générosités de f’empereur , et vient à
f’appui de fa réflexion du missionnaire.
Une inondation ayant submergé , en 179 i , un
village dans le Chan-tong, fes habitans n’eurent
que fe temps de se sauver, et se trouvèrent réduits
k fa plus profonde misère. L’empereur s’étant
rappelé qu’il avoit logé chez ces paysans, ordonna
de íes secourir d’une somme de cent mille taëfs
[750,000 fiv.f. Cette somme sortit du trésor; mais
fe premier trésorier prit pour fui vingt miffe taëfs ,
fe second dix mille, le troisième cinq mille, et
ainsi de suite ; de sorte qu’if ne revint k ces infortunés
que fa somme de vingt miffe taëfs [ 1 50,000 b].
Ceci fait voir de quelle manière l’empereur
vient au secours des peupfes , et comment ses
intentions généreuses sont remplies ; mais s’il se
montre compatissant dans certains cas, if ne faut
pas conclure d’après cela, et d’après fe style tendre
et paternel de ses édits , qu’if est fe père de ses
sujets, car ce seroit tomber dans une grande erreur.
Cette sollicitude apparente, íes expressions
ménagées qu’if emploie, sont uniquement pour
fa forme , et ce n’est qu’une marche adroite pour
entretenir íes Chinois dans fa soumission. Quef-
ques troubles s’éfèvent-ifs, et fes disettes en oc^
casionnent toujours, alors fa sévérité est déployée,
on tue, on massacre, et le gouvernement calcule