Je crois avoir déjà remarqué que les habitations
sont rarement placées sur les bords des rivières,
mais qu elles en sont éloignées, apparemment pour
être plus à l’abri des voleurs.
Nous vîmes passer dans l’après-midi plusieurs
trains de bois conduits par des Chinois, qui dressent
dessus quelques méchantes cabanes pour s’y réfugier
pendant la nuit. Ces radeaux n’ont rien d’extraordinaire
, et sont simplement composés d’un
grand nombre d’arbres percés à l’une de leurs extrémités
, et attachés ensuite tous ensemble avec des
liens de bambou.
[8. ] Arrivés en dehors de ia ville de Tsin-yuen-
hien, nous ne nous arrêtâmes que le temps nécessaire
pour prendre des provisions. Les maisons
qui sont bâties sur le bord de la rivière, paroissent
très-ordinaires , et l’on ne voit rien de curieux
qu’une pagode, une tour de cinq étages,, et plus
loin, une autre qui en a neuf ( n.° 8i). En avançant,
nous passâmes devant plusieurs maisons et devant
un corps-de-garde, dont les soldats vinrent dans
un bateau pour nous donner un concert avec leurs
conques marines.
La rivière est large et forme des petites îles*
La campagne est unie , mais variée cependant par
des collines, dont une partie est aride et l’autre
-cultivée : les montagnes sont plus ou moins éloignées.
Le terrain est rougeâtre ; on cultive le blé*
le riz et la canne à sucre. On aperçoit quelques
buffles dans les champs. Les maisons sont, pour la
plupart, en paille, un petit nombre est en briques.
En passant devant un corps-de-garde, plusieurs
soldats en sortirent et se mirent en ligne ; l’un d’eux
portoit un grand pavillon de couleur verte , ayant
au milieu le monde peint suivant les idées des
Chinois / n.° 82).
Les corps-de-garde de ces cantons différent de
ceux que nous avions vus dans la dernière province
: un petit bâtiment en briques y de deux
étages (n.° 82), remplace les petites maisons en bois
élevées sur quatre poteaux très-grands.
A peu de distance de ce même corps-de-garde y
nous trouvâmes un bateau avec plusieurs soldats ;
ils soufflèrent dans leurs conques marines, tirèrent
trois coups de boîte, et se mirent k genoux, en
faisant un compliment lorsque le bateau de l’ambassadeur
passa. Un de nos soldats Chinois leur
répondit, et ils se relevèrent. Ce salut étoit répété
toutes les fois que nous passions devant un corps-
de-garde..
Nous vîmes dans l’après-midi plusieurs villages,
des fours à briques et une vieille tour bâtie sur une
hauteur , et plus loin une grande quantité de mûriers
. Ces arbustes n’avoient que de trois k quatre
pieds de hauteur, car les Chinois les coupent tous
les ans k fleur de terre : ils sont bien fournis