approchent sans le savoir et crèvent souvent leurs
bateaux : c’est ce qui arriva à celui de l’ambassadeur
, dont on fut obligé de retirer une partie
des effets pour pouvoir boucher la voie d’eau qui
s’y étoit faite.
[ i . er M a i .] Le terrain ne varie point. Nous
passâmes devant plusieurs villages , auprès desquels
il y avoit quelques bestiaux. Nous vîmes
encore d’autres roues ; une d’elles avoit une digue
qui occupoit presque toute la rivière ; de sorte que
l ’autre partie étant barrée par un bas-fond, ce ne
fut pas sans peine que nous parvînmes à passer.
On rencontre assez souvent de ces bas-fonds, dont
quelques-uns sont à découvert.
Les maisons qu’on aperçoit dans la campagne
sont construites de terre, couvertes en tuiles et de
fort mauvaise apparence. On continue de voir des
sucreries, mais le nombre n’en est pas aussi grand
que précédemment. Le pays est montueux, les
bords de la rivière sont boisés : nous trouvâmes
dans un endroit plusieurs grosses roches fort éle-i
vées, rangées sur une ligne et occupant la moitié
du fleuve. En approchant de Nan-ngan-fou, nous
découvrîmes trois tours ; la première à droite ; la
seconde de cinq étages , bâtie sur une montagne à
gauche, et une troisième de la même hauteur, environnée
d arbres et située derrière une pagode.
Peu dinstans après, nos bateaux arrivèrent à la
DE PEKIN G.
même place où nous nous étions arrêtés en allant
à Peking.
[ 2. ] Il venta très-fort pendant la nuit; la pluie
tomba avec une telle violence, que la rivière ayant
augmenté prodigieusement, le courant entraîna
plusieurs trains et un grand nombre de bateaux :
celui de nos cuisiniers fut emporté à plus d’une
lieue, et on ne parvint à le ramener qu’avec beaucoup
de difficulté. Les mandarins craignant qu’il
n’arrivât quelque accident, engagèrent l’ambassadeur
à descendre , et nous retournâmes dans le
même Kong-kouan que nous avions occupé en venant.
Nous allâmes ensuite nous promener dans la
yille : les rues en sont étroites, pavées de pierres et
de briques, et garnies de boutiques de peu de valeur
; plusieurs maisons sont en ruines. La rivière
partageant la ville, un pont couvert en réunit les
deux parties ; les piles sont en pierre, le dessus
est en bois et garni de chaque côté de boutiques
qui régnent d’une extrémité à l’autre ( n.° 7 8). Les
Chinois s’occupoient alors à retirer des décombres
qui s’étoient accumulés contre deux des piles, et
qui les avoient endommagées pendant la nuit. Les
murs de Nan-ngan-fou sont peq élevés ; les portes
n’ont aucune apparence, et la ville ne paroît pas
extraordinairement peuplée.
La rivière ayant baissé de huit pieds, depuis le
matin , et le chemin se trouvant libre, il nous fut