
absolument inutiles, et qu’il n’est pas nécessaire
de les conserver : ce seroit se tromper grandement
, et l’on commettroit une faute majeure en
les rappelant.
Avant de porter un jugement sur le plus ou sur
le moins d’utilité des missions ,* il est nécessaire
d’examiner ce qu’on entend par missions , et en
quoi elles consistent. On doit distinguer deux
sortes de missions à la Chine, i’une qui n’est pas
avouée du gouvernement Chinois , et qui se fait
à son insçu dans les provinces ; l’autre qui en est
approuvée , et qui réside à Peking.
La mission de l’intérieur coûte peu de chose :
pn trouvera difficilement des hommes aussi vertueux
et aussi désintéressés que ceux qui la composent
: privés des douceurs de la vie, manquant
presque de tout, exposés tous les*jours à souffrir
la mort, le seul désir de s’instruire et de propager
la religion Chrétienne, leur fait oublier tous les
maux qu’ils endurent. Je parle ici sans préjugés ,
je rapporte ce que j’ai vu , et je me crois obligé de
dire la vérité. Le Gouvernement François en soutenant
les missionnaires qui parcourent le vaste
empire de la Chine, est toujours à même de se
procurer des éclaircissemens utiles , soit sur la
mÉL.
position dea lieux , soit sur le commerce, soit sur
mille autres objets importans. Je ne suis pas ici
l’admirateur aveugle des missionnaires, mais j’en
ai connu plusieurs dont les connoissances étoient
très-étendues ; leurs écrits d’ailleurs le prouvent
assez , et l’on ne peut disconvenir que nous ne
devions beaucoup à. ces hommes laborieux et infatigables.
Je conviens que les missionnaires s exposent en
entrant furtivement à la Chine, et qu’ils courent
au-devant de leur perte ; mais qu’importe à. la nation
que quelques individus se sacrifient pour une
récompense qu’ils ne lui demandent pas , et qu il
n’est pas en son pouvoir de leur donner, tandis
qu’elle en peut tirer de grands avantages. II est
donc de l’intérêt de l’État d’encourager les missionnaires
de l’intérieur de la Chine, e tc est en
les soutenant , en les favorisant, que le gouvernement
les aura toujours k sa disposition.
Quant k la mission de Peking , les faits parlent
assez en faveur de son utilité, et il faudroit
être aveugle pour ne pas reconnoître combien il
est important que nous en ayons une autorisée
dans cette capitale. Un pareil établissement seroit
acheté au poids de l’or par une nation rivale ; elle
donneroit tout au monde pour pouvoir l’employer
à son gré. Tant que la Chine restera fermée pour
les Européens , la nation qui conservera quelques
individus à Peking, doit s’estimer très-heureuse :
par eux elle peut savoir , elle peut empêcher , elle
peut tout entreprendre. Je parle d’après des faits
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