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dans les sacrifices qu’on fait aux dieux, le peuple
ne laisse, soit pour les idoles, soit pour les bonzes,
aucune portion des fruits ou des animaux offerts ;
il remporte tout après les prières achevées, et se
contente de donner quelques monnoies aux prêtres
de la pagode.
S O R T S >
L a Chine est remplie de charlatans et de devins
qui se mêlent de dire la bonne aventure. Aveugles
pour la plupart et jouant d’un instrument, iis
vont de place en place, en promettant toujours des
richesses et de la fortune à ceux qui les consultent,
ou en les engageant à visiter les temples et à consulter
les sorts. Les anciens Chinois faisoient un
grand usage des sorts. Confucîus s’exprime ainsi
dans le Tchong-yong : « U n sage doit connoître
» d’avance les événemens futurs! Lorsqu’une nou-
» velle dynastie est sur le point de s’établir , il arrive
»des présages heureux; et lorsque l’ancienne va
» finir, il en survient de malheureux : on connoît
» ces événemens par les sorts. Lorsque le malheur
» et le bonheur doivent venir, l’homme probe et le
méchant peuvent les prévoir ; mais le vrai sage
» est comme un génie. »
Il y a deux manières de consulter les sorts : la
première consiste à secouer un tube de bambou
rempli de petites baguettes plates, longues de sept
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à huit pouces, à en retirer une au hasard et à la
porter ensuite au bonze , pour avoir l’explication
des caractères qui sont marqués dessus : dans la
seconde manière, 011 prend deux morceaux de bois
longs d’environ six à sept pouces, et taillés comme
une fève partagée dans sa longueur ; on les jette
en l’air , et l’on réitère l’opération jusqu’à ce qu’ils
retombent dans le sens que l’on desire. Telle est
la foiblesse des mortels; ils craignent, après de
mûres réflexions, d’entreprendre une affaire, et ils
l ’entreprennent aveuglément et au hasard, après
avoir consulté le hasard lui-même.
Avant de bâtir une maison on consulte les sorts ;
mais on cherche sur-tout une bonne exposition ;
car les Chinois redoutent infiniment ce qu’ils appellent
Fong-chouy [ le vent et Veau] , c’est-à-dire ,
une influence bonne ou mauvaise. De ce Fong-
chouy dépendent le bonheur et le malheur de la
vie. Les Chinois sont constamment occupés à se
le rendre favorable, ou à le détourner, s’ils croient
qu’il leur soit contraire.
On évite les influences malignes, ainsi que je
1 ai dit précédemment, en ne plaçant pas les portes
dune maison en face les. unes des au tre se t, lorsqu’on
ne peut faire autrement, on dresse vis-à-vis
des espèces de paravens en bois pour arrêter le
mauvais génie. Le moyen le plus sûr, est de consr
truire une porte ronde , qui est celle du bonheur ,
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