
les domestiques des PP. procureurs, MM. de fa
Torre et Marchini, et qu’ils eussent fait battre un
Chinois Chrétien nommé Antoine. Forcés de les
renvoyer sans en avoir pu tirer aucun indice, ils
maltraitèrent ensuite cruellement M. Simonelli ,
vieillard âgé de soixante-dix-sept ans. Cependant
toutes ces démarches ayant été infructueuses, ils
se transportèrent à Macao , et y visitèrent quelques
couvens; mais, irrites de ce que plusieurs religieux
n avoient pas voulu leur donner l’entrée de
leurs maisons : ils arrêtèrent les vivres et suspendirent
le commerce. Ils envoyèrent même des
troupes contre Macao, et firent prendre des ren-
seignemens sur l’état de cette place ; mais ceux
qui étoient chargés de ce soin , ayant rapporté
qu’il seroit difficile de forcer les Portugais , parce
qu à. 1 abri de leurs murailles ils pourroient tuer
beaucoup de monde sans aucun danger pour eux ,
les mandarins devinrent plus modérés dans leurs
prétentions, i
Au mois d’octobre, les grands de Quanton
firent venir dans la ville M. de la Torre , pour
l’interroger, et l’obligèrent ensuite de signer un
papier dont on lui cacha le contenu.
Quelque temps après , le hanniste Pankekoua
vint voir M. de la Torre, et lui apprit que l’empp-
reur ayant su qu’il étoit lettré , lui avoit pardonné
en le laissant le maître de se punir lui - même :
mais,
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1nkis ) àjouta-t-il, cette affaire ne sera pas terminée,
tant que les PP. Zay et Lomeo ( Barthelemi) ne
seront pas pris , et il seroit prudent de quitter la
Chine. Malheureusement le P. de la Torre ne
tint pas compte dé cet avis ; il s’imagina que les
choses en resteroient là , et résolut de ne point
sortir de Quanton. Plusieurs commissaires étant
ensuite arrivés de Peking , M. de la Torre fut
appelé de nouveau par les mandarins, le i f janvier
1785 ; les Chinois prirent ses papiers , et
emmenèrent avec eux M. Marchini ; mais celui-ci
ayant ete interrogé , eut la permission de revenir,
laissant dans la ville le P. de la Torre, qui partit
pour Peking le 23 du même mois , accompagné
de deux mandarins-, l’un civil et l’autre militaire.
A son arrivée dans la capitale il fut mis en prison
et y mourut de faim le 29 avril, au moment où,
par les sollicitations des missionnaires de Peking,
il âvoit obtenu son élargissement. La persécution,
cessa au commencement de mai. De tous les missionnaires
pris dans les provinces, quatre furent
condamnés à une prison perpétuelle , et les autres
envoyés en exil en Tartarie, ou reconduits à
Macao.
Des chefs, parmi les Chrétiens Chinois, furent
exilés, d’autres battus et condamnés à la cangue
pour trois mois. Enfin, les mandarins donnèrent
un edit par lequel il fut enjoint à tout Chinois de
TOME I I , Y