
6 8 RETOUR
En avançant dans ia ville, nous passâmes devant
une mosquée. Cet édifice n’a de ressemblance avec
les bâtimens Chinois que par le toit ; le reste en
diffère totalement; la bâtisse en est plus exhaussée
et plus imposante; ia porte, qui est grande, élevée
et ronde par le haut, a le dessous en forme de
coupole , entièrement remplie de trous k fa disr
tance d’un pied les uns des autres ; de chaque côté
il y a des colonnes surmontées d’un entablement
dont le dessus se termine dans une espèce de croissant.
Sur le dehors on lit cette inscription en arabe i
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obvia.
« Temple pour les Musulmans qui voyagent et
si qui veulent consulter l’AIcoran. »
Le vice-roi, qui commande k deux provinces,
ne résidant pas dans la ville , nous allâmes chez le
gouverneur de la province, où nous trouvâmes plusieurs
soldats rangés dans ia cour auprès de deux
figures de tigre en pierre. Les Chinois nous firent
d’abord attendre dans une chambre séparée,
et de ïk nous conduisirent dans la salle de cérémonie
où étoit la lettre de l’empereur, renfermée
dans une espèce de petite pagode faite avec une
étoffe de soie jaune. Le gouverneur paroissoit d’un
certain âge ; il avoit une figure prévenante, et
portoit le bouton rouge de corail et la pLume de
paon. Ce mandarin ayant frappé trois fois la tête
contre terre, prit, d’un air respectueux, la lettre
de l’empereur , la lut en la tenant k la hauteur de
ses yeux, et la remit dans le petit pavillon de soie.
MM. Titzing et Vanbraam firent alors le salut
ordinaire, puis ils prirent place , le premier du
côté droit de la salle, avec trois d’entre nous, et le
second vis-k-vis de lu i, avec les deux autres : aussitôt
des acteurs, qui se tenoient dans une salle très-
bien disposée, commencèrent k jouer la comedie,
et firent sortir de dessous une grosse grenade un
grand nombre de petits oiseaux , et un homme
habillé en chauve-souris. On nous apporta alors
des fruits et différentes viandes; mais, peu dins-
tans après, l’ambassadeur s’etant leve , le gouverneur
rentra dans la salle , et lui demanda s il avoit
vu la comédie-et s’il avoit mangé; lui ayant répondu
que oui, on se sépara.
Nous vîmes en descendant dans la cour un-
cadran solaire en pierre fait par les Chinois ; et au
moment où nous quittâmes la maison du mandarin
, les soldats tirèrent trois coups de boîte.
La route que nous suivîmes nous ayant fait repasser
devant la même mosquée que nous avions
déjk vue , nous demandâmes k la visiter , mais on
nous dit qu’elle étoit abandonnée. Nous continuâmes
donc de marcher, et peu a p r è s .étant sortis
de la ville par une porte carrée et fort petite, nous
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