par de grandes pierres , et sur les bords un autre
plus petit d’environ six pouces de largeur ; les intervalles
sont cailloutés. Quelques soldats étoient
rangés le long du chemin, à quelque distance
d’une des portes de la ville, dont on voyoit encore
les murs ; mais à l’entrée du faubourg nous en
trouvâmes un plus grand nombre, ayant des mandarins
à leur tête. Ces soldats avoient des sabres,
des flèches et des fusils ; ils portoient des cottes
de maille et un casque luisant surmonté d’un fèr
de lance. Ils avoient bonne mine et l’air martial ;
quelques-uns d’eux, placés de distance en distance,
soufflèrent dans une conque marine, tandis
que d’autres tirèrent lorsque l’ambassadeur passa.
Nous ne traversâmes qu’une partie du faubourg,
qui nous parut être considérable, et nous arrivâmes
bientôt en face d’une maison et d’un petit arc de
triomphe en bois, orné de banderoles rouges,
auprès duquel il y avoit encore des soldats. La
marée étant basse, le terrain, qui est noir et ferme ,
étoit à sec. Les porteurs nous conduisirent jusqu’à
nos bateaux, en passant sur un pont formé avec
des planches placées sur des charrettes attachées
deux à deux. Un grand nombre de buffles dévoient
remmener ces charrettes après notre embap*
quement. Nous en remarquâmes d’eux d’un blanc
rougeâtre, les autres étoient d’un gris sale. Ces
animaux galopent facilement avec un qu deux
Chinois sur le dos ; ils tiennent la tête horizontalement
et le cou alonge.
Nos barques étant petites, nous fûmes obligés
de nous diviser pour être plus commodément ; de
sorte que je restai seul. Ces bateaux sont longs,
couverts en bois , avec une fenêtre sur les cotes,
garnie de coquilles ; ils tirent peu d eau ; la forme
en est ronde en—dessus comme en-dessous, excepté
que le milieu est un peu plat. La plus grande
largeur se trouvant k deux ou trois pieds au-dessus
de l’eau , ils s’abordent sans se faire de mal ; d’ailleurs
les planches cèdent au choc : 1 intérieur est
partagé en trois chambres ; une grande, qui contient
deux lits fixes en bois ; une autre plus petite
sur le devant , et la troisième k l’arrière , dans
laquelle le patron couche et fait sa cuisine : les
deux extrémités du bateau sont pointues, celle de
l’arrière est plus élevée. Le mât se place k l’avant,
et la voile est de toile. Les mariniers sont obligés
de passer ou dans l’intérieur, ou par-dessus, pour
se rendre de l’avant k l’arrière, n’y ayant point de
saillie pratiquée en - dehors comme aux bateaux
que nous venions de quitter.
Nous nous mîmes en route k quatre heures sur
le fleuve Tsien-tang-kiang, qui est très-large : la
rive gauche est basse, avec des montagnes k quelque
distance ; mais la rive droite est escarpee et
formée par des montagnes boisees , qui sont