
arroser les campagnes des environs. En remontant
plus au nord , du côté de Naji-hiong-fou, où les
terres sont sensiblement plus hautes que le niveau
de la rivière, nous ne vîmes aucune machine pour
élever les eaux, soit que les terres en soient assez
imbibées , soit que les ruisseaux qui descendent
des montagnes suffisent à. leur irrigation. Ce n’est
qu en entrant dans la province de Kiang-sy, que
nous trouvâmes des roues hydrauliques très-ingénieusement
construites ( n.° 33 ). II faut rendre
justice aux Chinois, ces roues sont très-bien imaginées
; l’ouvrage est simple, léger, peu coûteux,
et demande peu de soin ; enfin, c’est ce que j’ai
vu de mieux en traversant l’empire.
Toute la machine est faite avec des bamboux ,
excepté l’axe de la roue , et les pieux enfoncés
dans l’eau pour le supporter , qui sont en bois.
Cet axe, qui peut avoir de huit à dix pieds de
longueur , porte tout autour , k. un pied de distance
de ses extrémités, des bamboux longs et
déliés qui se croisent et vont s’attacher k la circonférence
sur laquelle sont fixés en biais des tubes
de même matière, bouchés par le fond. Ces tubes „
au nombre d’une vingtaine , d’environ^ trois pieds,
de longueur, et de près, de trois pouces de diamètre
, se remplissent lorsque la roue plpuge ; et
tournant avec elle , ils se vident k son. sommet,
dans un canal placé parallèlement k la roue, et qui
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communique avec un autre d’où l’eau est conduite
dans les campagnes. Pour accélérer le mouvement
de la roue, les Chinois garnissent de petits morceaux
de bois l’angle que forme le croisement des
grands bamboux avant d’arriver k la circonférence,
ce qui fait des espèces de palettes. Les roues ont
de vingt k vingt-quatre pieds de diamètre; quelques
unes sont plus grandes , mais cela est rare.
Le courant de la rivière suffit pour faire mouvoir
ces machines; mais, afin de le rendre plus rapide
et de le forcer k se jeter sur la roue , les Chinois
sont dans l’usage de planter des piquets depuis le
milieu de la rivière jusqu’auprès de l’axe.
Je n’ai vu que dans le Kiang-sy de ces machines
hydrauliques; les Chinois en ont cependant d’une
autre construction ; telle est celle dont j’ai envoyé
le modèle k l’académie des sciences. On peut l’appeler
pompe k chaîne : cette machine est peut-être
d’un grand effet, mais je doute qu’elle le soit autant
que le prétendent les voyageurs Anglois ,
puisque, durant tout mon voyage, je n’en ai vu
qu’une seule. Elle consiste dans une caisse de
bois oblongue, partagée au milieu dans toute sa
longueur par une planche fermant exactement
la portion inférieure, tandis que celle de dessus
reste ouverte. Des planchettes de bois carrées ,
et attachées k une certaine distance entre elles,
avec des cordes contenues, passent dans ces deux