
Ja plupart furent obligés de se retirer pour nous
faire place , le coup d’oeil devint très-animé. De
l’endroit où nous étions , on voit les murs de ia
ville , et une tour de sept étages ; plus loin , un
bâtiment à double toit, et sur la gauche un pont
de bois. On s’aperçoit qu’on est ici dans une des
plus riches provinces de ia Chine ; les maisons sont
meilleures , et les Chinois mieux habillés. L’arc
de triomphe devant lequel nous étions , est en
pierre ; il est composé de trois portes , et surmonté
de petits toits ; i’ouvrage est surchargé de
dessins fort lourds : tout cet édifice, dont le haut
est très-çonsidérabie , n’est porté que . sur quatre
gros piliers : les pierres sont à jointures, et entrent
ies unes dans les autres. Ce monument élevé
en l’honneur d’un mandarin nommé Pong-hou,
a ete construit sous le règne de l’empereur Kangfcy
(«: t s ) -
[2 1 .] Vers les neuf heures du matin , notre
troisième mandarin vint chercher l’ambassadeur :
nous partîmes tous en palanquins, M, Titzing et
M. Vanbraam , chacun porté par quatre ‘ coulis ,
et nous, par deux seulement. Les rues de Sou-
tcheou-fou sont étroites ; nous passâmes un petit
pont, sous lequel il y avoit très-peu d’eau : ies boutiques
sont médiocres , et ne renferment rien de
beau. Il y avoit peu de femmes dans le chemin ^
mais beaucoup de peuple ; aussi, pour le contenir .
avoit-on placé de distance en distance des soldats
armés de gros bâtons.
Arrivés chez le mandarin, les Chinois nous conduisirent
dans, une pièce séparée , et nous firent
entrer ^ensuite dans la salle de cérémonie, ou etoit
déposée une lettre de l’empereur. MM. Titzing et
Vanbraam firent le salut, après quoi on les fit asseoir
d’un côté, et nous cinq , vis-k-vis d eux. Le
plancher étoit couvert de gros tapis rouges , et
plusieurs; grosses lanternes de corne etoient suspendues
au plafond. Le fond de la salle etoit garni
de paravents avec de petits carreaux, derrière lesquels
se tenoient les femmes des mandarins. Le
pavillon destiné à la comédie étoit bien dispose,
et l’espace qui le séparoitdu bâtiment, étoit couvert
par un ciel formé de bandes entrelacees de
toile jaune, rouge et bleue.
Les Chinois apportèrent d’abord des tables chargées
de fruits , une pour l’ambassadeur , une pour
M. Vanbraam, et trois pour nous cinq. De petits
mandarins, décorés d’un bouton d’or , nous servirent
en mettant un genou en terre ; ils nous
offrirent d’abord les fruits , ensuite lètf viandes,
et plusieurs fois du vin Chinois , auquel nous ne
touchâmes pas. Dans le même temps, les acteurs
parurent sur le théâtre, et exécutèrent différentes
marches : plusieurs de ces comédiens étoient déguisés
en oiseaux, et l’un d’eux représentoit une