
de complaisance à le montrer à tous ceux qui
viennent le visiter. Ainsi ies usages sont opposés
chez ies différens peuples ; et ce qui caractérise
chez les Chinois le meilleur des fils, seroit regardé
chez nous comme üne preuve d’ingratitude et de
dureté. L’opinion fait tout chez ies hommes, et
ies choses ies plus extraordinaires cessent de le
paroitre , iorsqu eiies ont été consacrées par ies
préjugés et i’habitude.
Plusieurs de ces cercueils sont d’un bois précieux
, et coûtent depuis cent jusqu’à cinq cents
piastres ; celui d’un particulier peu aisé va depuis
dix jusqu’à quinze et vingt piastres. Iis sont composés
de quatre grosses pièces de bois épaisses de
près de six pouces ; ia pièce de dessous est longue
et píate, celle de dessus est de même longueur,
mais elie est bombée ; ies deux morceaux de ia
tete et des pieds sont petits et carrés, souvent piats*
mais assez generaiement convexes en dehors : 011
étend au fond un iit de chaux, on y place ïe corps
tout habillé avec un petit coussin sous ia tête, et
1 on remplit tous les vides avec de ia chaux et du
coton , puis on ferme ces cercueils hermétiquement,
de sorte quiis ne- laissent échapper aucune
émanation. On ies enduit en dedans et en dehors
de poix ou de bitume ; on les vernit quelquefois,
ou l’on se contente de ies blanchir à l’extérieur.
J en ai vu quelques-uns déposés da,ns des maisons j
iis n’exhaioient aucune mauvaise odeur , et les
pièces de bois qui ies composoient, quoique très-
anciennes , étoient bien conservées.
Les Chinois gardent souvent chez eux les corps
de leurs parens ; ils les placent dans des pavillons
construits exprès, jusqu’au moment ou iis les enterrent,
ou jusqu’à ce qu’ils puissent ies envoyer
dans les provinces pour y être piacés dans les tombeaux
de leurs ancêtres.
Dans les enterremens , aussitôt que le corps est
enfermé dans la bière, on ia couvre dune toile
blanche , et 011 la met dans une salie tendue en
blanc; ensuite on dresse une tabie en avant du cercueil
, et l’on place dessus des vases de porcelaine
et des chandelles parfumées. Le corps reste ordinairement
plusieurs jours dans la maison, à moins
que des raisons n’obligent de l’enterrer plus promptement.
Chaque fois que quelques-uns des parens
ou des amis viennent rendre leurs devoirs au défunt
, ses enfans et ses femmes poussent des cris
lugubres. La cérémonie achevée , un des proches
fait entrer dans une salle voisine ceux qui sont
venus honorer le mort, leur offre du thé et des rà-
fraîchissemens, après quoi il les reconduit jusqu à
ia porte.
Dans ies circonstances où les enfans gardent chez
eux, pendant la durée du deuil, le corps de leurs
parens ? ils vont pleurer tous les jours auprès du