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ces examinateurs de la conduite des grands officiers
,. qui peuvent les accuser et les destituer,
n’exécutent pas toujours fidèlement les ordres
qu’ils ont reçus. Aussitôt qu’ils arrivent dans une
province , tous les mandarins s’empressent d’aller
au devant de leurs désirs, et de leur offrir des
présens ; et comment les refuseroient-ils , puisque
l’empereur lui - même en reçoit de très - considérables
!
L’amour des présens a toujours existé à la Chine :
il est ordinaire de faire des dons de quatre-vingt et
cent mille francs. Une charge de gouverneur <je
ville coûte plusieurs milliers d’écus , et quelquefois
de vingt ktrente mille. Un vice-roi, avant d’être
en possession de sa place, paie de soixante à deux
cent mille francs ; il n’y a pas de visiteur ou de
vice-roi, qui ne se retire avec deux ou trois millions.
J’ai vu moi-même un Hopou de Quanton,
quitter sa place après un an de résidence $ emportant
avec lui un million de piastres [y,4do,ooo liv.].
Tous-les mandarins chargés d’une commission de
la cour, sont nommés par le ministère : lorsque les
commissions sont achevées, les personnes qui les
ont remplies font des présens aux ministres, aux
princes du sang, et aux présidens et assesseurs des
tribunaux ; mais ces mandarins ne donnent pas
tout, ils en gardent une bonne partie pour eux,
bien persuadés qu’on ne lés inquiétera pas pour
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ïeuf administration. En effet, ceux qui auroient
quelques plaintes à faire, n’ont pas la faculté de
s’adresser à l’empereur , mais seulement aux ministres
ou aux officiers principaux de la chambre;
o r , tous ces personnages étant liés d’intérêt, aucune
requête ne parvient , et les plâignans ne
peuvent réussir à obtenir la moindre justice (a)>
Yong-tching voulant arrêter les funestes effets
de cette vénalité, fit augmenter, en 1730 , les ap-
pointemens des gouverneurs des villes , et leur
défendit de recevoir aucun don. Kien-long renouvela
les mêmes défenses ; mais les mandarins trouvent
facilement les moyens de les éluder; car nulle
part on n’est aussi industrieux que dans ce pays ,
à imaginer un biais pour arriver sûrement k ce
que l’on desire ; et celui qui demande, comme celui
auquel on s’adresse, trouvent toujours les moyens,
l’un d’offrir un présent-, et l’autre de le recevoir.
Par exemple, k Quanton, les mandarins chargés
des commissions des grands dfe Peking, font demander
aux marchands de cette ville des objets
d’Europe ; ceux-ci, soit par crainte, soit pour faire
leur cour, les offrent d’abord à moitié prix; mais
bientôt ils se réduisent au quart, lorsqu’on leur
objecte qu’ils veulent trop gagner. Ces effets ainsi
achetés k Quanton pour le quart de leur valeur,