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et les emmenèrent dans cet état. Un trait iécent*
et qui donne une idée de ïa barbarie des Chinois ,
c’est qu’en 1786, lorsque la disette régnoit dans
ïe Chan-tong, on y mangea de ia chair humaine t
ceci n’est pas une histoire inventée à plaisir, c’est
un fait certain ; d’ailleurs ce n’est pas la première
fois. A la même époque , dans la partie sep te n*
trionale du Hou-kouang, trente personnes furent
enterrées toutes vives par des gens affamés à qui
elles avoient refusé du riz.
On objectera peut-être que ce sont des cas
extraordinaires : cela est vrai; mais iis font voir que
le caractère national * retenu par la Sévérité des
lois , se fait reconnoître lorsque certaines circons*-
tances lui rendent toute son énergie. On a dit, avec
raison , que le Chinois est vindicatif ; il attend
avec patience le moment favorable pour accuser
son ennemi auprès des mandarins ; mais souvent
celui-ci, aussi adroit, réussit, avec des présens , k
faire retomber sur son accusateur le châtiment
qu’on lui préparoit k lui-même : de 1k naissent
des haines éternelles, qui se terminent quelquefois
par l’incendie de l’habitation d’un des deux
adversaires. Cette conduite ne doit pas étonner
chez un peuple qui n’est arrêté que par 1a crainte,
et non par des principes de vertu ou de saine
morale. Les livres de Confucius existent ; mais le
peuple ne les lit pas., l’homme instruit qui les
a lus, ne s’en livre pas moins k ses passions lorsque
l’intérêt le domine ; et chez les Chinois l’intérêt
est un mobile tout puissant.
Après avoir parlé du Chinois du côté moral,
il est bon de l’examiner du côté physique. C ’est
un être dont les sens ne sont émus que par des
impressions fortes ; aussi est-il enchante de sa mu-«
sique qui est très - bruyante. Des exhalaisons qui
nous répugnant, n’affectent pas son odorat; l’odeur
du charbon ne l’incommode pas, non plus que celle
d’une chandelle chinoise que l’on a soufflée sans
l’éteindre parfaitement, odeur cependant extrêmement
désagréable. Les Chinois dorment assez souvent
, pliés en deux ; ils se couchent presque habillés
sur leurs nattes., en s’enveloppant d une couverture
: leur sommeil est profond.
En mangeant , ils se servent avec adresse de
petits bâtons pour prendre les morceaux ; mais ils
avalent le riz gloutonnement : ils boivent indistinctement
dans toutes les tasses , sans s’embarrasser
si quelqu’un s’en est servi auparavant. En sortant
de table, ils prouvent de toutes les manières qu’ils
ont bien dîné ; ils. croient même que c’est une politesse
de donner ainsi au maître de la maison, des
marques de leur satisfaction. La seule chose qu’on
ne puisse leur reprocher, c’est de se montrer ivres.
Je q’en ai jamais rencontré dans cet état ; et même
si. Iç vin les. a un peu échauffés au point que leuc