
pouces et demi, et les autres neuf et dix pouces ;
son petit doigt n’étoit plus de rang ,. ce Chinois
nous le dit avec doüïeur en nous apprenant qu’il
avoit ete casse. Qu’on se figure la peine que cet
homme avoit prise pour que ses ongles parvins-»
sent k cette excessive longueur , la gêne continuelle
dans laquelle il vivoit* obligé de tenir sans
cesse ses doigts renfermés dans de petits tubes
de bambou ® dont i’usage lui avoit extrêmement
aminci la peau. Mais s’il avoit souffert avec tant
de constance, il s’étoit acquis en retour une grande
considération : qu’ii eût été conduit, par exemple
, pour quelque dispute, devant un mandarin ,
celui-ci lui auroit donné gain de cause. Un homme
doué d’une telle patience, auroit dit ce mandarin,
un homme assez raisonnable pour veiller constamment
sur lui-même, n’est point querelleur, il est
incapable de s’immiscer dans une mauvaise affaire.
Voiik ce que nous raconta notre médecin , que
nous remerciâmes beaucoup de sa complaisance,
et qui s’en alla intimement persuadé que fa longueur
prodigieuse de ses ongles nous avoit inspiré
une haute opinion de sa personne.
Les femmes ont fa taille médiocre et assez mince,
le nez court, ies yeux fendus, la bouche petite et
les lèvres vermeilles. Je ne parlerai pas de leur
teint, car presque toutes mettent du fard ; les parfumeurs
en vendent de tout préparé, de blanc et
de
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de rose , que les Chinoises mêfent ensuite suivant
le degré qui leur fait plaisir. J’ai vu des femmes
dont ie visage étoit d’une nuance généralement
rose ; d’autres, chez lesquelles elle étoit plus claire ;
mais Ce qui m’a frappé * c’est fa différence de fa
couleur de feurs mains souvent brunes , avec
celle de leur visage communément blanc. Je dois
avouer cependant que plusieurs Chinoises m’ont
semblé jolies et fort agréables. On croira peut-
être que les jeunes filles ne se fardent pas , et
qu’efféfc së contentent des grâces naturelles à leur
âge, mais on se troirtperoit ; dès sept k huit ans
elfes commencent k se peindre îa figure; aussi cet
usage immodéré du fard, gâtant nécessairement la.
peau, if n’y a rien de pfus hideux qu’une vieilfe
femme Chinoise.
CAR A CT È RË . .
L e s Chinois soilt actifs et laborieux ; ils n’ont
pas lin grand génie pour ies sciences , mais ils cynt
de i’aptitude pour les arts et fe commerce ; ifs sont
souples et plians, quoiqu’orgueilleux, et méprisent
ies autres nations, auxqueifes iis se croient fort supérieurs
, conservant en cela fe caractère de feurs
ancêtres, que Pline (a ) et Arnmien Marcel lin (b )
(a) Livre VI, chap, 17.
(b ) Livre xxm.
TOME I L L