
d’eux quelques notions sur l’art de la peinture.
Les Chinois dessinent toujours à vue d’oiseau ,
et se placent alternativement en face des objets ,
quelles que soient leur position et leur étendue :
voilk la raison pour laquelle , dans leurs tableaux,
les maisons sont au-dessus les unes des autres,
et que le point de vue n’en est pas le même. Un
moyen qu’ils ont imaginé pour exprimer des objets
dans le lointain , c’est de représenter des nuages
qui coupent en deux les arbres, les maisons et les
hommes : on peut s’en convaincre facilement en'
jetant les yeux sur les dessins des batailles de Kien-
I°ng ? faits par le père Attiret. Ce missionnaire
a dû bien souffrir avant de se plier à la manière
extravagante des Chinois , mais il paroît qu’il a été
obligé de l’adopter.
Les Chinois n’aiment point les ombres, et les re-^
tranchent autant que cela est en leur pouvoir ; aussi
n’approuvent-ils pas nos tableaux, et regardent"
ils comme des défauts ou comme des taches les
ombres qui s’y trouvent, et qui y sont cependant
si nécessaires. A Cette singulière idée il faut en
ajouter une encore plus extraordinaire , et qui
provient de leurs préjugés. L’empereur, selon
eu x , ne peut etre représenté comme un autre
homme, et fût-il placé sur un plan très-éloigné,
sa tete doit l’emporter en grosseur sur celle de
tous ies assistans ; d’où l’on peut conclure que
les Chinois ne deviendront jamais d’habiles dessinateurs.
On s’est récrié souvent en Europe sur la
beauté du coloris des peintures chinoises ; mais on
n’a pas fait réflexion que les couleurs étant employées
sans mélange, ne perdent pas de leur vivacité
; au lieu qu’en Europe , les peintres étant
obligés de dégrader les couleurs, suivant qu’elles
se trouvent plus ou moins éclairées , il en résulte
nécessairement que leur brillant est altéré.
Les Chinois peignent sur verre ; mais ce genre,
qui ne demande que de l’habitude et de l’adresse ,
n est pas aussi difficile que plusieurs écrivains le
prétendent : tout Européen qui va k Quanton,
peut s’en convaincre aisément. Les Chinois ne
commencent pas , ainsi que le disent ces auteurs,
par placer les clairs , et ne terminent pas par les
ombres ; ils peignent sur verre comme sur ia toile ;
ils ont seulement la précaution d’employer des
teintes plus colorées, de n’en mettre qu’une seule
couche très-mince, et de bien fondre les nuances :
ils retournent le verre lorsque la peinture est sèche,
et appliquent dessus une petite planche noircie,
qui se fixe dans les bords de l’encadrement.
On doit avoir l’attention de ne pas exposer ces
tableaux au soleil, car la chaleur en fait couler ia
peinture , et détruit les couleurs.
Les Chinois préfèrent le verre ordinaire k la
glace, parce que les couleurs s’y attachent mieux,