août dans ïa rade de Macao, après une traversée
de cinq mois et trois jours.
Les cotes de la Chine offrent un point de vue
totalement diffèrent de celui des détroits. Ici, les
montaghes sont boisées , et les plaines bien cultivées
; les arbres couvrent presque entièrement ïe
so l, et croissent même jusque dans la mer ; en un
mot tout est vert, et tout dénote une grande végétation
: à la Chine, au contraire, on n’aperçoit
que des terres arides et des surfaces pelées ; et F oeil
fatigué cherche vainement quelque verdure qui interrompe
une vue aussi sèche et aussi stérile. ,
Mouillé dans la rade spacieuse de Macao, on
ne voit autour de soi que des montagnes : la ville
elle-même paroît pour ainsi dire y être attachée,
tandis qu’elle en est séparée par un bras de mer.
Macao bâti en amphithéâtre sur une hauteur, se
distingue de fort loin par ses maisons blanchies
à l’extérieur ; elles n’ont qu’un seul étage, et leur
intérieur est disposé convenablement pour un pays
chaud. Un quai assez large règne du côté de l’est,
devant une portion de la ville (n.° ) , et procure
aux habitans, pendant la chaleur, une promenade
agréable et sans cesse rafraîchie par les vents du
large. La plupart des Européens qui résident à
Macao, logent le long de ce quai, les autres occupent
la partie occidentale de la ville , et jouissent
de la vue du port, et d’une île à laquelle la quantité^
d’arbres qui la couvrent, a fait donner,avec raison,
le nom d'île Verte (n.° 94). C ’est dans cette île que
les Jésuites établirent autrefois leur demeure, et
d’o ù , pendant la nuit, de fervens missionnaires s e-
chappoient furtivement pour aller prêcher la religion
dans la Chine 1 abandonnée maintenant, et
solitaire, tout est détruit ; les bâtimens et l’église
sont en ruines , et le jardin n’existe plus. Mais si
cette île fut remarquable par l’emploi auquel les
Jésuites Favoient consacrée , elle Fest encore par
son état naturel : seule au milieu de montagnes
dégarnies d’arbres et desséchées , elle conserve
une éternelle verdure ; et si l’on suppose que jadis
les terres voisines furent ombragées , et qu elles ne
perdirent leur plus bel ornement que par un événement
funeste, la vue de Frie Verte doit certainement
appuyer cette conjecture.
Macao n’est pas d’une grande étendue ( n.° 9 4 } ?
la ville est défendue par quelques forts et par une
muraille ; cent cinquante Cipays servent de garnison
, et ce petit nombre est suffisant, puisque les
Portugais sont en paix et vivent tranquillement avec
les Chinois. Une assez grande quantité de ces derniers
habitent M acao, et sont sous l’inspection d’un
mandarin, ce qui occasionne un conflit de juridiction
, qui rend la place d’un gouverneur Portugais
très - embarrassante ; et il faut beaucoup de prudence
pour tenir un juste milieu avec des gens sue-
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