O B S E R V A T IO N S
les deux à pied, le cérémonial est plus long, parce
qu’il est de l’honnêteté de ne pas partir le premier.
Lorsqu’un homme du peuple se trouve'dans le
chemin d’un mandarin, il se range promptement ,
reste debout, et tient ses bras pendans et sa tête
un peu penchée ; il se garderoit bien de le saluer,
car cet excès de politesse pourroit lui attirer
quelque correction paternelle.
Quand il s’agit de présenter une requête, ou
de parler à un mandarin d’un grade élevé , le suppliant
se met à genoux , fait trois révérences en
baissant la tête , et explique son affaire en conservant
cette posture. Si c’est un homme un peu au-
dessus du commun , le mandarin le fait relever ; il
se met alors un peu de côté , et s’énonce en restant
debout. Lorsqu’on parle de près aux gens en place,
il est de la politesse de mettre sa main devant sa
bouche , et de se pencher respectueusement.
Les Chinois emploient dans le discours des mots
figurés et des termes pleins de respect et de soumission
, se mettant toujours fort au - dessous des
personnes auxquelles ils s’adressent ; mais il n’ën
faut pas conclure qu’ils soient persuadés de ce
qu’ils disent : en parlant de cette manière , ils ne
font que se conformer à l’usage.
Les personnes les plus âgées occupent toujours
la place d’honneur ; c’est la droite chez les.Chinois,
et la gauche chez les Tartares.
Nulle part les enfans n’ont autant de respect
pour leurs parens. Les fils viennent, à la nouvelle
année, se prosterner devant leurs père et mère,
et se tiennent debout en leur présence. À la mort
du père, le respect qu’on avoit pour lui passe au
fils aîné , qui , pour lors, est regardé comme le
chef de la famille : en conséquence, c’est à lui
qu’appartient le droit d’honorer ses ancêtres, en
faisant , en certains temps et dans certaines circonstances,
les salutations d’usage devant la tablette
qui porté leurs noms.
La distance entre les frères est très-grande. Le
frère aîné ne peut converser avec les femmes de
ses frères cadets ; il se contente de les saluer,
tandis que les frères puînés peuvent parler à
l’épouse de leur aîné. II faut avouer cependant que
cette distinction est trop marquée, et qu’elle est capable
de refroidir les coeurs et d’en bannir l’amitié.
Lorsqu’un Chinois veut faire une visite k quelqu’un
, il commence par lui envoyer un compiw
ment et son nom contenus dans un billet de papier
rouge plié en forme de paravent, et ayant sur le
dernier feuillet un petit morceau de papier doré
de forme triangulaire. La personne que l’on vient
voir est libre d’accepter ou de refuser fa visite :
dans ce dernier cas , elle se contente de rendre
le billet, et fait dire à cefui qui l’a remis, de ne pas
se donner la peine de descendre de palanquin-. '