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Ççs usages, ces devoirs, cette politesse, rendent
les Chinois minutieux à l’excès : l’habitude où iis
sont , dès l’enfance, d’être respectueux envers leurs
supérieurs , et; cette contrainte continuelle dans
laquelle iis vivent, les portent à la crainte et à la
défiance ; et de ia défiance à la fourberie il n’y a
qu’un pas : aussi voit-on que les Chinois cachent,
sous une apparence honnête et polie, un caractère
faux et dissimulé. S i, en s’acquittant des devoirs
.imposés par le cérémonial, ils étoient pénétrés
des senfimens de douceur ét d’honnêteté qu’il de-
yro.it inspirer, le gouvernement auroit raison d’en
exiger l’accomplissement; mais comme ie peuple
ne s’attache qu’aux dehors et aux pures formalités ,
la poiitesse n’est plus chez lui qu’unç habitude, et
ia cérémonie tient iieu du sentiment. Le tribunal
dqs rites de Peking peut bien régler la manière
dont on doit se mettre à genoux suivant l’âge ou
ie rang des personnes , mais ce tribunal suprême
ne commande pas le respect.
Lorsque nous eûmes à Peking notre audience
de congé, nous nous amusâmes beaucoup de l’importance
que les mandarins du Ly-pou mettoient
à leurs cérémonies. Cependant , les cris iamen-
tables qu’ils poussoient pour annoncer les génuflexions,
et ieur attention à les faire exécuter, ren-
doient cette cérémonie plutôt risible qu’imposante.
Enfin , le cérémonial Chinois est si machinal et
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si peu éclairé, que les mandarins se prosternent
non-seulement devant la personne de l’empereur,
mais encore devant son nom et même devant son
fauteuil. Ce ne sont donc que les formes extérieures
qu’on demande dans ce pays ; on s’embarrasse
peu du fond.
Lorsque deux Chinois d’une condition égaie
se rencontrent, ils se baissent l’un vers l’autre ,
joignent les mains du cote gauche , et les remuent
avec affection ; mais si les personnes sont d’un
rang supérieur, alors ils joignent les mains devant
eux , les élèvent et les abaissent plusieurs fois de
suite, en s’inclinant profondément et en répétant les
mots Tsin-tsin, Tsin-leao [je vous salue]. Un des trois
mandarins qui nous accompagnoient en allant à
Peking, ayant rencontré un de ses amis qu’il avoit
perdu de vue depuis long-temps, ils se mirent
tous les deux presque à génoux , et puis se serrant
réciproquement entre leurs bras, et se frappant
sur le dos avec la main , ils répétèrent plusieurs
fois les mots To-fo [ quel grand bonheur] f Dans les
circonstances ordinaires, les mandarins évitent de
se rencontrer, et, lorsque cela leur est impossible,
1e mandarin inférieur en grade sort de son palín-
quin ou descend de cheval, et salue profondément
l’autre : si les deux mandarins sont d’un rang égal,
ils restent dans leurs chaises et se saluent en pas-^
sant ; mais s’ils viennent à se rencontrer étant tous
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