îa direction d’un médecin , qui lui apprend son
art et ses secrets. II suffit d’avoir guéri quelque
mandarin pour acquérir la réputation d’un mé-*
decin très-habile, avoir de la vogue et s’enrichir.,
Les gens du peuple paient fort peu, et il est d’usage
qu’un médecin ne retourne pas chez un malade à.
moins qu’il ne soit redemandé. Les Chinois n’ont
point de connoissances en anatomie , leurs pré**
jugés les empêchant d’ouvrir un cadavre. Toute
la science des médecins consiste dans l’étude du
pouls ; ils en observent exactement les battemens
et en tirent des pronostics sur les indispositions
des différentes parties du corps. En général, ils
attribuent les maladies au Fong-chouy (a) et
au froid et au çhaud. Ils ordonnent des tisanes,
des cordiaux, et recommandent la diète. Ils ne
saignent pas , mais ils font venir le sang à l’extérieur
de la peau, en la frottant fortement aveç
une pièce de cuivre. Ils enfoncent des aiguilles,
dans certaines parties du corps, et la grande ha-,
bileté consiste à savoir les placer, à les faire demeurer
et à les retirer à propos. Le sang ne sort
pas dans cette opération : on cautérise la plaie en
brûlant dessus des feuilles d’armoise.
Daps les fractures ou dans les maladies pour
lesquelles il est nécessaire d’avoir recoins à l’am-
(a ) Vent et eau , bonne on mauvaise disposition.
SUR LES C HINOI S . 327
putation , les médecins ne la pratiquent pas, et le
malade en meurt souvent : c’est la raison qui fait
qu’on ne voit pas d’estropiés à la Chine, et pendant
tout mon voyage je d’en ai pas rencontré un
seul. Qu’on réfléchisse Combien fa saignée, l àrh-
putation, et même fes lavemens, peuvent Sauver
de malades dans certaines circonstances, on jugera
combien d’hommes périssent à la Chine fauté
d’employer ces moyens si usités eh Europe.
Selon la plupart des missionnaires , la petite
vérole existe à la Chine depuis très-fong-témps ,
quoique quelques autres prétehdent, au contraire $
qu’effe y est récente. L’inoculation fut inventéé
sous le règne de Tchin-song des Song , dans
l’année i opo dé J. C. Les médecins introduisent ïé
virus dans fe nez. C ’est à cette insertion que les
Anglois attribuent la cécité, qui est fort commune
chez les Chinois , tandis que d’autres personnes
disent qu’elle ne provient que de l’usàge où Bon
est dans ce pays de boire et de manger extrêmement
chaud. Mais cette maladie ne proviendroit-
elie pas plutôt de l’espèce de nourriture en usage
à la Chiné, c’est-à-dire du rizî car eh Turquie, où
l’on en mange habituellement, les habitans y sont
sujets à devenir aveugles. On pourroit encore attribuer
fa cécité des Chinois aux vents de nord qui
viennent de Tartarie et passent sur les montagnes,
neigeuses qui couvrent ces contrées : au resté
X 4