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bonzes nous montrèrent l’empereur. On présume
que cette déification prématurée doit attirer les
largesses de ce prince ; aussi la pagode et tous les
bâtimens sont parfaitement bien entretenus. En
sortant de là. on nous mena dans une salle où if
y avoit un puits profond d’environ vingt - cinq
pieds : une lumière descendue jusqu’au fond, nous
permit de distinguer le gros tronc d’un arbre, qui,
suivant le rapport .des bonzes, avoit servi seul à 1a
construction de 1a pagode, et avoit cessé de croître
lorsqu’elle fut terminée. Il faut croire qu’on avoit
tiré de cet arbre tout le parti possible , car il étoit
presque au niveau de l’eaü. Les bonzes nous débitèrent
cette fable de la meilleure foi du monde , et
nous la reçûmes de même.
Cette belle pagode est desservie par trois cents
bonzes. Le supérieur porte , comme les autres,
une robe grise , mais il a par-dessus une grande
écharpe d’un rouge-clair. En le quittant, nous
allâmes examiner une vieille tour bâtie sur une
éminence voisine ; elle a plusieurs étages , ou , du
moins, elle les a eus , car le temps et le tonnerre
font beaucoup endommagée. Il ne reste rien des
voûtes intérieures ; les ouvertures des fenêtres sont
confondues , et l’on në voit plus qü’Une masse
de brique de couleur rouge, entremêlée de quelques
broussailles. Cette tour , bâtie sous l’empereur
Tsieou des Song , compte quinze cents, ans.
d’ancienneté ; néanmoins les briqués sont encore
très - bonnes. On lui a donné le nom de Louy-
fong-ta [ tour des vents et du tonnerre] .
On voit dans les environs un tombeau composé
d’un pavillon et d’une pierre noire entourée de maçonnerie.
De cet endroit on découvre tout le la c ,
et au milieu deux très-petites îles, dont une est
remplie de pavillons et renferme un étang : trois
gros piliers de fer fort anciens , sont placés en
triangle à peu de distance de cette île , et paroissent
aVoir servi à attacher les barques. On aperçoit à
droite une partie de la ville , et une tour qui est
bâtie sur une colline ( n.° 16). On ne pouvoit
choisir , suivant les idées chinoises, de place plus
agréable pour un mort, car il doit jouir encore ,
d’après eux, de la délicieuse vue de tout ce qui
l’environne : cependant, si ce lieu est superbe
par sa situation, il est triste, et l’on y est affecté
d’un sentiment qui porte à la mélancolie. Je ne puis
dire si cette sensation que j’éprouvai, provenoit de
la vue antique de ces lieux , ou si elle n’étoit que
l’effet du temps sombre qui répandoit un air de
tristesse sur cette multitude de pins qui couvrent
les montagnes et entourent les tombeaux, mais
elle me suivit long-temps.
Après être rentrés dans nos palanquins, nous
continuâmes notre route. Le chemin est en bon
état et pavé ; il règne au milieu un cordon formé