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Japon, à Manille, à Batavia, à Bornéo, et partent
et reviennent aveç la mousson favorable.
Les jonques sont fortement construites , ont le
fond plat, la proue élevée , et la poupe très-enhu-
chée. La proue est coupée droit, sans éperons,
et représente la gueule ■ ouverte d’un dragon. La
poupe renferme la chambre du capitaine et celles
des matelots ; les cuisines et le logement des pas^
sagers , sont sur le côté du bâtiment. L’arrière
forme un angle rentrant, dans lequel le gouver?
naii, qui peut avoir de cinq à. six pieds , est pour
ainsi dire enfermé ; il est suspendu par deux câbles
qui s attachent en-dessus , et servent à l’élever
ou à labaisser; deux autres câbles le,saisissent par
en bas, passent en-dessous du bâtiment et vont
s arrêter à I avant sur un vireveau ; les deux/ avances
entre lesquelles il se trouve placé j le garantissent
des coups de mer; mais on se persuadera aisément
qu’un gouvernail ainsi attaché par des câbles, qui
doivent prêter beaucoup, ne peut que diriger fort
mal un navire. La barre est franche; deux ou trois
cordes qui passent autour, et qui sont fixées aux
cotés de la jonque , servent à donner de la force
au timonnier.
Les jonques ont trois mâts ; le grand mât, qui
est gros et très-fort ; le mât. de misaine, qui est
fbible en comparaison du grand mât, et un très-'
petit mât d’artimon, qui se place à bas-bord ; elles
SUR LÈS CHINOIS. - W f
n’ont pas de beaupré; cependant les Chinois en
ajoutent q u e lq u e f o i s un , et y suspendent une ci-,
vadière. Le grand mât et le mât de^ misaine ne
sont pas retenus par des haubans, mats un simple
étai sert à les soutenir ; ils ne sont pas fixes, ils
sont seulement suspendus, de manière qu’ils penchent
sous le vent lorsque le bâtiment ne marche
pas vent arrière.
Les voiles sont grandes et faites de nattes renforcées
dans toute leur largeur par des bamboux
placés 'a la distance d’un pied l’un de l’autre; La
voile est attachée le long du mât par des chapelets
; elle se plie par feuillets , et se place sur un
châssis de bois mis exprès pour la soutenir : lorsque
la voile est dressée, elle est droite et présente au
• vent une surface plane ; elle le prend bien, tourne
aisément et n’a qu’une seule écoute formée de la
réunion des boulines qui sont à l’arrière de la voile;
elle vire toujours de ce côté , en sorte qu’elle est
tantôt sur le mât, et tantôt en dehors.
Ces voiles sont lourdes et difficiles k élever : on
emploie des vireveaux et des drisses pour les hisser ;
celles-ci passent sur des rouets enchâssés en tête
du mât. Les ris se prennent par enffias, mais les
Chinois n’aiment point k baisser la voile, parce
qu’il faut beaucoup de temps pour la relever; aussi
ce défaut de précaution , et la résistance du mat;,
qui ne casse que rarement, font que souvent