I 72 O BSERVÀTIONS
les Orientaux ont la coutume de donner fort peu
à-la-fois. Un indigent qui a reçu la foible quantité
de riz qui peut entrer dans l’ongle d’un Chinois ,
doit se retirer. On pensé bien qu’une aumône aussi
chétive ne peut soutenir un malheureux : c’est
pourquoi les différons corps de métiers ont établi
une espèce de confrérie ; chaque individu qui ia
compose contribue d’une certaine somme, et le
fonds qui en provient sert à soulager ceux qui
n’ont pas d’ouvrage, ou qui ont éprouvé des pertes:
association Jouable et bien entendue, et qui devroit
exister parmi toutes les classes d’ouvriers, et chez
tous les peuples.
ARCHI TECTURE ET AMEU B L EMENT .
L’a r c h i t e c t u r e Chinoise est simple; les
maisons des particuliers, celles même des mandarins
, ont peu d’apparence au dehors : Je palais de
FEmpereur, les édifices publics, les temples, les
tours, les arcs de triomphe, les portes des villes,
ies remparts, ies ponts et les tombeaux, méritent
seuls l’attention du voyageur.
La forme des maisons est assez généralement
la même; Je nombre, la grandeur des salles et des
cours, Ja dimension des colonnes , la qualité des
bois, Ja dorure, Je vernis, la sculpture, établissent
seulement une différence entre la demeure des
•particuliers, et celle des personnes en place : mais
vouloir rendre en'françôis la manière dont ôn bâtit
à la Chine , est uñe entreprise peu facile ; les expressions
manquent, et l’on est obligé de recourir
à des locutions qüi ne représentent pas àu juste
la chose qu’on se propose de décrire. Par les mots
colonnes et galeries, il ne faut pas entendre des
colonnes ou des galeries , dans le style Grec; le
vrai mot, celui qui Convient le mieux à la colonne
Chinoise , est piiier, puisque son diamètre est toujours
le même dans toute sa longueur.
L’habitude où nous sommes de concevoir Ief
choses d’après les mots qui les expriment f nous
induit souvent en erreur en lisant les relations des
voyageurs. Ces auteurs ayant devant les yeux des
objets d’un genre tout nouveau, et forcés d’èm-
ployer des termes équivaleps pour pouvoir se faire
entendre dans leur langue , ont par ces mêmes
expressions trompé le lecteur, qui s’est imaginé
voir des palais, des colonnades et des péristyles,
tandis que dans le fond tout cela écoit fort différent.
L’architecture Chinoise n’a pas de rapport
avec la nôtre ; s’efforcer d’en donner une explication
détaillée , c’est se charger d’une tâche impossible
; je me bornerai donc à une description
générale.
La majeure partie des matériaux d’un édifice
Chinois , est en bois ; le toit est supporté par
des colonnes , mais celles-ci ne s’élèvent qu’à une