premier conducteur s’étant emparé du pavillon que
les Chinois avoient construit pour recevoir l’ambassade
lorsqu’elle descendroit, et nos bateaux
se trouvant à l’extrémité de la place, l’endroit où
M. Titzing mit pied à terre, étoit tellement rempli
de boue, qu’on fut obligé de mettre des planches
pour qu’il pût parvenir jusqu’à son palanquin.
Cela fait voir de quelle manière les Chinois en
agissent avec les étrangers : si une fois on leur
cède quelque chose par politesse, ils l’exigent ensuite
comme un droit.
L ambassadeur fit le salut ordinaire ; il assista
ensuite à une comédie et à un repas que lui donnèrent
les .mandarins de Nan -tcharig- fou , qui
en général furent îres-hoilnêtes. M. Titzing étant
revenu, bientôt après nos bateaux se mirent en
route , laissant file à droite , et la ville et le faubourg
à gauche. Les pavillons du bateau de l’ambassadeur
furent changes ; les mandarins en firent
mettre de rouges à la place des jaunes qui y étoient
auparavant.
La campagne est plate, sauf quelques collines :
les habitations sont répandues de distance en distance
dans les champs ; les paysans s’y occupent
a la culture du ble , de forge , de l’herbe à huile
et du Pe-tsay ; aussi voit-on beaucoup de piquets,
dresses exprès , pour faire sécher cette dernière
plante.
[15.] La campagne est très-belle ; elle est unie ;
mais on voit quelquefois des collines dont les bas
sont cultivés. Les habitations sont répandues dans
les champs, et toujours environnées d’arbres. On
distingue aussi des villages , et nous vîmes deux
pagodes, dont une, bâtie sur une colline boisee ,
présentoit un fort joli point de vue. Les bords de
la rivière1 sont couverts d’arbres de différentes espèces,
de saules etd’oziers. Le fleuve forme plusieurs
îles ; son cours est rapide ; il ronge et emporte les
terres : pour y remédier, les Chinois construisent
des quais, mais qui s’écroulent promptement par
le peu de soin qu’ils mettent à les faire. La cote est
sablonneuse sur un fond d’argile. Nous vîmes peu
de monde , très-peu de bestiaux et quelques bateaux
qui remontoient ou descendoient la riviere.
Arrivés à la ville de Fong-tchjn-hien, on nous
donna de la musique ; mais les musiciens 11 étant
pas plus habiles que ceux que nous avions entendus
lorsque nous étions passés précédemment , leur
concert fut aussi détestable que la première fois :
cependant cette musique plut si fort à notre premier
mandarin , que, pour en jouir seul, et à son
aise , il fit passer nos bateaux de l’autre coté de la
rivière.
[16.] La campagne est belle et coupée par des
ruisseaux : les collines sont couvertes de pins, ou
cultivées par terrasses , sur lesquelles il y avoit du