
plusieurs fois encore avant d’arriver k Quanton. La
Chine est un pays où l’on acquiert de ia patience,
et il en faut beaucoup avec les Chinois. Tout le
temps que les étrangers demeurent k Quanton,
est employé k composer la cargaison des vaisseaux :
c est un mouvement continuel ; mais aussitôt après
le départ des navires, qui a iieu en janvier et février
, tout est mort, et l’on ne voit que fort peu de
monde dans les rues. A cette époque, les Européens
retournent à Macao.
La température est fort chaude k Quanton dans
ies mois d’août et de septembre; il fait froid en novembre,
décembre et janvier, et même assez pour
qu’if gèle. C ’est ordinairement dans l’hiver qu’il est
le plus commode de parcourir .les faubourgs de
cette ville , et c’est alors qu’on est plus k même
d examiner les Chinois. Ils ne sont pas tels que les
peintres du pays les représentent, c’es t-k -dire ,
avec de grosses têtes et une taille courte ; ils sont
d’une taille ordinaire, et plutôt grands que petits ;
on en voit de bien faits, e t , dans ia classe des
porte-faix, on en trouve de très-vigoureux. Ce qui
frappe le plus dans un visage Chinois, ce sont les
yeux qui sont aiongés et k fleur de tête;.
L’embonpoint étant regardé k ia Chine comme
une marque d’opulence et d’esprit, il n’est pas
étonnant que ies peintres de cette nation fassent
leurs personnages très-gros ; d’aiileurs ïa forme de;
leurs habits donne k leur taille un air fort épais ;
cependant on ne peut disconvenir que l'extérieur
des Chinois diffère de beaucoup de celui des Européens
; mais ies juger d’après la première vu e , ce
seroit se tromper.
La seule chose sur laquelle on sera toujours
d’accord , en parlant de ces peuples , c’est leur
caractère intéressé ; et si l’intérêt est par-tout le
premier mobile des actions humaines , il l’est encore
bien davantage chez eux. Pour peu qu’un
Européen y reste quelque temps, il est impossible
qu’il ne s’aperçoive pas qu’ils aiment passionnément
l’argent, et qu’ils saisissent avec avidité tous
les moyens de s’en procurer : les étrangers qui
sont forcés de quitter Quanton , pour descendre
à Macao èty rester pendant l’hivernage, connois-
sent parfaitement les moyens que les mandarins
emploient pour les rançonner. On ne croiroit pas
que pour un voyage de trente lieues, et pour un
seul bateau, il en coûte depuis mille jusqu’k quatre
mille francs ; cela est cependant vrai. Les mandarins
, dont le caprice et l’avidité font tout le droit,
se permettent mille vexations , bien persuadés
qu’un étranger ne peut se plaindre : en un mot*
les Européens sont mal traités k la Chine, et illeur
faut tout le désir qu’ils ont d’acquérir des richesses,
pour leur faire supporter les désagrémens sans
nombre qu’il§ y éprouvent journellement.,