bouton bleu-clair et la plume de paon, après nous
avoir fait un signe très-expressif pour nous désigner
i eunuque, iui dit d’un ton un peu brusque
qu il y avoit assez de temps qu’il étoit assis , et
qu’il.feroit bien de se retirer; l'eunuque se leva
et s en alla sur-le-champ sans répliquer.
Les eunuques que j’ai vus chez l’empereur ,
«toient grands et robustes. Nous trouvant avec
eux dans un pavillon, le jour de notre première
audience, ils se mirent à parier, croyant peut-être
que nous ne les connoissions pas ; mais le mouvement
de surprise que nous fîmes en entendant
leur voix grêle, les rendit honteux, d’autant plus
que les Chinois qui étoient présens, et qui en
comprirent très-bien le motif, ne purent s’empêcher
de rire.
Les Chinois nous ont donné pour certain, que,
parmi les eunuques de l’intérieur du palais, ceux
qui sont chargés de la garde des femmes , sont
totalement dépourvus des marques de la virilité ?
mais ce qui nous a étonnés , c’est qu’ils assurent
que cette opération se fait facilement, et qu’un
homme déjà formé peut la subir sans danger.
Les eunuques n’ont pas de barbe , et ceux qui
ont été mutilés lorsqu’ils en avoient déjà, la perdent
entièrement. Tant qu’ils sont jeunes, iis ont
le visage plein ; mais quand ils avancent en âge,
& deviennent laids et ^semblent à de vieilles
femmes très-ridées. Us sont interesses et possèdent
des biens, ils ont même des femmes ; mais comme
ils ne peuvent avoir d’enfans , ils en adoptent et
leur laissent en mourant leur fortune.
f u n é r a i l l e s ; d e u i l s «
P e r s u a d e s que les ancêtres sont des intercesseurs
et des protecteurs auprès de la Divinité ;
qu’ils voient ce qui se passe chez leurs descen-
dans , les Chinois les honorent et les respectent
comme s’ils existoient encore.
Les enfans, témoins dès le plus bas âge, de
l’observation des cérémonies prescrites par les lois
envers les morts, s’accoutument de bonne heure
au respect et à la soumission qu’ils doivent à leurs
parens ; ils les aiment, ils les chérissent tout le
temps de leur vie ; et long-temps après leur mort
ils vont pleurer sur leurs tombes et leur rendre les
mêmes honneurs qu’ils leur rendoient auparavant.
Quelque longues et fatigantes que soient les cérémonies
du deuil, ils les observent scrupuleusement,
et l’exercice de ce devoir devient pour eux
une espèce de consolation. Ces sentimens dune
piété filiale sont tellement inculqués chez les Chinois,
qu’un fils qui manqueroit à faire placer le
corps de son père dans le tombeau de ses an-
çêtres, seroit déshonoré pour toujours.
J-ie deuil de père et de mère doit durer trois