chevaux au lieu de voitures : on peut juger, d’après
cela, combien ces gens-Ià sont menteurs.
' L’ambassadeur et M. Vanbraam partirent à
quatre heures dans des petites voitures ; pour nous,
après avoir pris congé de M. Raux, et nous être
séparés pour toujours, nous fîmes seller nos chevaux
, non sans peine, car lorsqu’ils nous aper-
cevoient, iis avoient une peùr effroyable.
Pendant ce temps, les Chinois dévalisoient la
maison ; 011 auroit dit qu’elle étoit au pillage, et
dans un instant il ne resta pas la moindre chose.
Lorsque je voulus monter à cjieval, cela me fut
impossible, l’animal étoit trop effrayé; un domestique
Chinois ayant voulu s’en approcher , il fut
jeté par terre *. j’entrai alors dans la voiture de
notre second mandarin , et nous commençâmes
notre route : elle fut la même que la première fois,
jusqu’à la porte extérieure du palais. Les murs de
l’enceinte sont peints en rouge , et médiocrement
élevés; nous les suivîmes pendant quelque temps,
et après avoir passé par des petites et mauvaises
rues de traverse, nous rentrâmes dans la grande
rue qui conduit à la porte de la ville Tartare.
Entrés dans la ville Chinoise, le cocher prit sur
la droite et nous fit traverser dans la campagne,
entre des maisons éparses , et au milieu de fondrières
: le terrain étant sec et sablonneux, la poussière
étoit très-forte ; mais le mandarin Tartare ,
qui se tenoit assis devant moi, n’en paroissoit nullement
incommodé : il prit une bouteille d’eau-de-
vie qu’il avoit mise par précaution dans la voiture,
en avala une bonne gorgée après m’en avoir offert,
et la donna ensuite au cocher, qui fit de même et
la porta à deux personnes de l’ambassade qui nous
suivoient à cheval. Nous cheminâmes assez longtemps
dans ce détestable chemin : enfin, ayant
passé devant une pagode, nous nous trouvâmes
dans la grande rue auprès de la porte occidentale
de Peking, la même par laquelle nous étions entrés
la première fois. Ici je montai à cheval, e t, accompagné
d’un guide, je rejoignis bientôt l’ambassadeur
et M. Vanbraam, qui etoient en palanquin.
Nous ne vîmes rien d’extraordinaire dans Peking
: nous rencontrâmes plusieurs femmes , les
unes à pied et les autres en charrettes ; plusieurs
de ces femmes étoient habillées d’étoffes blanches.
En sortant de la ville Tartare, on voit auprès
de la porte, et près des murailles, la maison des
missionnaires Portugais , distinguée par une croix
élevée sur. le frontispice de leur église.
Lp. poussière étoit moins considérable dans les
rues de Peking , que lorsque nous y passâmes la
première fois ; il est vrai qu’il s’y trouvoit infiniment
moins de monde qu’alors.
Le chemin , à la sortie de Peking, est pavé ;
on rencontre d’espace en espace, des aubergçs et
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