
Nos bateaux s’arrêtèrent dans Paprès-midî devant
une montagne isoiée , ayant ïa forme d’un
pain de suq-e, et élevée perpendiculairement sur
le bord du fleuve ; cette montagne peut avoir près
de cinq k six cents pieds de hauteur, sur une base
de plus de trois cents pieds \ elle est composée de
gros rochers gris, par fois jaunâtres avec des veines
blanches, couchés par bancs inclinés, et se détachant
par feuillets. H se trouve une grande crevasse
vers le bas de la montagne, dont les bonzes ont tiré
parti en y construisant une pagode qu’ils ont dédiée
à la déesse Kou-niang ouKouan-yn : il faut en être
près pour la distinguer, car d’un peu loin elle se
perd dans la masse de la montagne.' On y monte par
un escalier en pierre : il y a deux chapelles , l’une
au - dessus de l’autre ; la déesse réside dans la plus
élevée. Cette pagode est bien entretenue et fort en
vénération chez les Chinois ; elle est très-ancienne ,
et sa construction remonte à près de mille ans, sous
la dynastie des Tang, Cinq bonzes logent dans
cette pagode, et en ont grand soin; iis ont deux
petits bateaux pour aller demander l’aumône aux
Chinois qui voyagent sur la rivière , et qui ne
manquent pas de frapper sur un bassin de cuivre
lorsqu’ils approchent de la montagne /«.0 80).
Nous nous arrêtâmes le soir à Jin-te-hien.
[7.] Nous ne quittâmes la ville qu’assez tard,
les mandarins ayant retenu pendant long-temps, le
salaire de nos bateliers. On voit en partant plusieurs
maisons, deux pagodes, et plus loin une
tour de neuf étages. Le terrain est toujours mon-
tueux; les plateaux qui existent, soit en. avant,
soit entre les hauteurs , sont semes en riz et en
blé. Une montagne isoiée , ayant la forme d’un
pain de sucre, et placée sur le bord de la rivière,
fait voir la manière dont les Chinois exploitent les
carrières ; ils enlèvent les pierres de haut en bas ,
et déjà une petite portion de la montagne avoit
totalement disparu. On rencontre de distance en
distance quelques maisons et des corps-de-garde,
ensuite les montagnes forment un détroit, k l’entrée
duquel il y a une pagode bâtie sur une colline.
Dans cette espèce de défilé , les bords de
la rivière sont en partie couverts de bamboux ;
plusieurs vallées garnies d’habitations, s’étendent
entre des montagnes et des collines boisées , d’oü
sortent un très-grand nombre de ruisseaux qui
se précipitent avec fracas, et augmentent la beauté
de ce paysage agreste. On trouve en quittant ce
passage , des rochers k fleur d’eau , qui obstruent
une partie du fleuve ; le terrain s’ouvie ensuite
et devient plus, plat ; les montagnes sont plus en
arrière , et se prolongent en pente douce jusque
sur le bord de l’eau en formant de grands plateaux
sur lesquels on distingue des maisons et d ifférentes
plantations*
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