
Sieou-tsay, on ne nomme que soixante Kiu-jin;
le premier est décoré du titre de Kiay-yuen.
L’année suivante, tous les Kiu-jin des provinces
sont obligés d’aller à Peking pour subir un examen
qui aiieu tous les trois ans, et dans lequel iis acquièrent
le grade de Tsin-tse , ou docteurs. C ’est
parmi ces derniers que i’empereur choisit ceux
qui! eleve à la dignité de Han-lin ; quant aux
autres ils peuvent se regarder comme solidement
établis, car, outre les présens qu’ils reçoivent de
leurs amis et de ieurs parens , iis sont susceptibles
de parvenir aux emplois les plus importan».
Beaucoup de Kiu-jin ne se rendent cependant pas
à la capitale, et se contentent de ce titre qui leur
suffit pour obtenir des places honorables (a).
Il resuite de ià que beaucoup de Chinois courent
ia carrière des lettres, non pas tant pour se
distinguer par leur esprit et leurs taiens, que-pouf
obtenir des places, de ia considération et de ia fortune
; ainsi cet état de lettré, si vanté par certains
auteurs , n’a pas i’unique étude pour b u t, et ne
doit etre regardé que comme un acheminement aux
biens et aux grandeurs.
Mais si i etude est un moyen de parvenir, il
(a) Les gens de guerre subissent des examens et acquièrent
es titres semblables à ceux des lettrés; ils doivent savoir tirer de
i h T ’ m°nter à chevaI et cfo™ er ¿es preuves de force et d’agi-
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ne faut pas croire cependant qu’elle seule suffise
pour mener aux emplois ; et si le mérite et ia vertu
peuvent faire distinguer un sujet, les richesses font
davantage ; car quelques taiens joints à Faisance,
conduisent plus loin que les seules connoissances.
Un lettré sans fortune et sans place ne jouit-
pas à la Chine d’une grande considération; aussi
voit-on beaucoup de Chinois acheter des titres qui
les mettent h même d’être placés. Une preuve que
le mérite seul ne donne pas les emplois , c’est
que plusieurs mandarins , purement militaires ,
sont gouverneurs de viiies quoiqu’ils n’entendent
rien aux affaires ; mais ils ont avec eux des
mandarins civils qui les dirigent ; et c’est ce que
nous avons remarqué plusieurs fois pendant notre
voyage. D’ailleurs, les grands mandarins du pre-
mier et du second ordre peuvent proposer pour
un emploi, ieurs enfans , sans que ceux-ci subissent
aucun examen , et soient décorés d’aucun
titre ; iis ne sont obligés d’en prendre que pour
les places éminentes.
II ne faut pas conclure non plus , du soin qu’on
prend d’élever les enfans, que tous les Chinois
sachent lire et écrire ; on doit penser que les gens
de la campagne, occupes des travaux agricoles , et
vivant avec peine, n’ont ni le temps ni les moyens
de s instruire ; mais en général on rencontre h la
Chine beaucoup plus d’hommes qu’en Europe,