OBS ERVAT I ONS
prefèrerent défaire le commerce d’opium, et écrivirent
à leur retour que tout étoit fini. J’ai vu moi-
même une quarantaine de têtes, soi-disant de pirates
, envoyées d Haynan ; ce devoit être 1k sans
doute une preuve bien évidente de l’expédition :
point du tout ; la plupart de ces têtes appartenoient
à des cadavres qu’on avoit déterrés. Passons à un
autre fait.
Le Tsong-tou de Quanton est chargé d’aller au
Tonquin pour en rétablir le prince détrôné ; if est
surpris par fes troupes du rebelle ; les Chinois
sont taillés en pièces , et le vice-roi se sauve avec t
peine. Ecrire à l’empereur qu’il a été battu, c’étoit
exposer sa tête. Que fait-il ! il mande à Peking
qu’il a transigé avec le rebelle , qu’if l’a proclamé
ro i, et que celui-ci se rend fui-même à la cour
pour obtenir l’agrément de l’empereur. Ce simulacre
de roi fut reçu par toute la Chine avec les
honneurs dus k un souverain , tandis qu’if n’étoit
qu un très-petit officier du vainqueur, et que, retourné
dans son pays, if rentra dans ses fonctions.
Des personnes dignes de foi m’ont assuré l’avoir
vu depuis.
Mais , me dira-t-on, peu importe que ce roi du
Tonquin soit allé k Peking ou soit resté chez lui :
que. fait k fa Chine la perte de quelques soldats, i
c’est dans le régime intérieur que la bonté du gouvernement
se fait admirer : c’esjt dans fe temps des
disettes qu’if faut voir fa vive sollicitude de l’empereur
pour la conservation de son peuple.
Les mauvaises récoltes arrivent malheureusement
assez souvent k la Chine, soit qu’elles proviennent
du vice de la culture , ou plutôt de la
nature du grain qui y est cultivé le plus ordinairement.
Dans ces temps de calamité , où l’homme
ne connoît que le besoin, le Chinois se livre avec
fureur k tous les excès qu’il lui inspire. Les vois ,
les brigandages , les meurtres, deviennent communs
alors, et l’on voit même les hommes se
manger les uns les autres. Il y a eu des exemples
de cette dernière barbarie lorsque j’étois a la
Chine.
Dans ces circonstances désastreuses, les mandarins
envoient des mémoires k Peking. Les tri- o
bunaux les examinent avant de les présenter k
l’empereur. Lorsque ces mémoires sont parvenus
sous ses yeux-, il ordonne aux grands de délibérer
sur les moyens k employer pour soulager la misère
des peuples. Les tribunaux s’assemblent et supplient
l’empereur d’envoyer des hommes sages
et désintéressés. L’empereur donne aussitôt un
Chang-yu pour nommer tels ou tels mandarins.
Cet édit, qui respire une bonté paternelle , s’imprime
dans toutes les gazettes, pour faire voir aux
Chinois la vigilance du chef de l’État ; cependant
les personnes désignées ne partent pas, Si l’on