
déjà dit, de la rareté du terrain propre à la culture ;■
car des femmes enlevoient même l’herbe qui cou-
vroit les sépultures.
La campagne est bien cultivée ; des maisons
avec des arbres sont répandus ça et là. Nous trouvâmes
quelques villages, et nous vîmes plusieurs,
corps-de-garde à moitié ruinés , avant d’arriver à
Tsiuen - hing - tsy. Ce bourg est considérable ; la
maison que nous occupâmes étoit bien entretenue,
et la salle principale avoit quelques carreaux de
vitres aux fenêtres..
La campagne, après le bourg, offre le même
coup d’oeil; mais le terrain est sec et sablonneux ;
aussi vîmes-nous plusieurs ponts bâtis sur la terre,
et sans qu’ii y eût la moindre apparence d’eau:
ia plupart étoient petits, excepté un seul composé
de sept arches. Ces ponts sont si peu solides,
que les charretiers préférèrent de passer à coté :
ies eaux de piuie paroissent les pénétrer de toutes
parts.
On traverse de temps en temps des petits
villages avant que d’être à Lou-Iong-y, bu nous
devions nous arrêter ; mais nos mandarins nous
firent continuer, afin de terminer dans la journée ia
route par terre. A peine étions-nous en chemin,
que ie temps devint très-sombre, et que les objets
ne se distinguèrent plus qu’à ia faveur des éclairs ;
aussi nos voituriers furent-ils obligés de prendre
des guides : enfin nous entrâmes, à sept heures du
soir, dans ie bourg dYang-kia-yn.*
Un des charretiers des mandarins écrasa un
enfant dans l’après-midi : on l’arrêta sur-le-champ,
quoique cet événement ne fût pas arrivé par sa
faute; car les enfans sont très-curieux ; ils s’at-
troupoient pour nous voir, et ne se dérangeoient
pas, quelque aoin qu’on prît de les avertir.
[7 .] Il plut, tonna, grêla ét neigea tout-à-ia-
fois ; le temps devint froid et se mit à la gelée,
ce qui nous fit rester dans notre •Kong-kouan pendant
qu’on s’occupoit à décharger les charrettes.
[8.] Le Hoang-ho., du côté du nord, ou d’Yang-
kia-yn , est bordé de jetées faites avec de la paille
posée par lits, et mêlée avec de la terre. Ses rives
sont argileuses et d’aine terre jaune et grasse ; aussi
n’est-il pas surprenant que ses eaux soient jaunes ,
et que ce fleuve ait reçu le nom de Hoang-ho
{ rivière jaune] : le Hoang - ho peut avoir de cinq à
six cents toises de largeur à l’endroit ou nous
Je traversâmes. Un grand bateau nous servit à
passer de l’autre côté : la rive méridionale est si
basse, que nous fûmes obligés de nous faire portèr
par des Chinois , pour parvenir jusqu’aux palanquins
qu’on avoit préparés pour nous ; mais ils
étoient si misérables , que nous préférâmes de
monter à cheval. Le chemin suit une pletite chaussée
fort étroite, et ce 11e fut pas sans peine que nous