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redoute quelque mal, que de s’adresser à l’Être
infiniment bon, qui ne peut faire que du bien.
Les Chinois durent donc suivre cette marche
générale de l’esprit humain ; aussi les voyons-nous
d’abord adorer l’Être suprême sous les noms de
Chang-ty y de Hoang-tien et de Tien (a), et iui
offrir des sacrifices sur les hauteurs et dans des
temples. Au Chang-ty on joignit par la suite les
esprits tutélaires, qu’on nomma Chin ou Kouey-
ehin, auxquels on rendit un cuite ; tel est ia doctrine
dont ii est parié dans ies King. La morale
se réduisoit aiors aux deux vertus appelées Gin
et Y : ia première exprimoit ia piété envers Dieu
et ies parens , ou ia bonté envers ies hommes ; et
la seconde signifioit i’équité et ia justice.
(a ) Chang-ty veut dire souverain Seigneur g Hoang-tien, souverain.
Ciel; Tien, Ciel : ces mots, suivant les King, expriment ia
Divinité. Le mot Tien, Ciel, est pris indifféremment pour i’Etre
suprême et pour ie Ciel visible : dans ie cas où it est parié du
Maître de i’univers, ie mot Tien a ia même acception que dans
cette phrase, que le Ciel vous conserye!
Sur le frontispice d’une des salies du temple du Ciel, à Peking,
on lit ces deux mots Chinois et Tartare, Kien, Apkaï-han:
ie mot Kien veut simplement dire en chinois, le Ciel; mais it
est clairement expliqué par ie mot Tartare, Apkaï-han ou Han-
apka-i, le Maître du Ciel, ies Tartares formant ie génitif (i) en
ajoutant ni aux mots terminés par une consonne , et i à ceux
qui finissent par une voyelle. Ii n’y a donc pfus de doute sur ia
signification des mots Kien et Tien, qui sont ies mêmes, et qui
veulent dire le Ciel.
(i) Gramm. Tart., pir M. Langlès,
SUR LES C H I N O I S . . 3 3 t
La dynastie deHia qui commença à régner 220 y
ans avant; J. C . , éieva un temple au Chang-ty,
sous ie nom de Che-chy [ maison des générations et des
siècles]. Les Chang, qui iui succédèrent iy66 ans
a.yant J. C. , rebâtirent ce temple et i’appelèrent
Tchou-ou [ maison renouvelée]. Les Tcheou, qui ies
suivirent 1122 ans avant J. C ., firent élever un
autre tempie, et le nommèrent Ming - tan g [ le
temple de la- lumière]. Dans la suite, les autres dynasties
voulurent faire pius que celles qui les avoient
précédées ; elles imaginèrent de séparer en deux ie
mot Ming/rz^, composé des caractères Ge [soleil],
et Yue [lune], et bâtirent un tempie au soieii et un
autre à ia lune : c’est de ce partage et de cette
dénomination que sont sorties ensuite une fouie
cte superstitions. Les hommes une fois entraînés
vers l’erreur , foin de i’éviter , i’embrassent et ia
saisissent aveuglément : tout fut personnifié ; Je
vent, la pluie, fe tonnerre et les maladies , devinrent
des divinités ; ies guerriers, ies empereurs et
ies hommes célèbres, furent des demi - dieux.
Les Chinois oublièrent bientôt ie cuíte dit
Chang-ty, et négligèrent la doctrine des King : en
vain Confucius, par ses sages préceptes , chercha
à. ia rétablir ; les troubles survenus après iui
^ V°yez> <ians ia table dés empereurs, ie caractère Min», de
Ming-ty, 38 ans avant J. C.