
darins à Iapproche des villes, nous ne íes goûtâmes
point ; et quoique certains missionnaires (q)
prétendent que les soldats Chinois tirent des sons
harmonieux de leurs conques marines, nous n’en
fûmes nullement satisfaits.
La musique instrumentale des opéra Chinois,
si I on peut se servir de cette expression, n’est pas
moins étrange : l’orchestre étant composé de gros
tambours , de bassins de cuivre , de flûtes, de
violons et de cymbales , elle est toujours aigre et
bruyante ; mais elle l’est bien davantage dans les
occasions ou I action s’anime. Dans les combats ,
par exemple, et lorsque les acteurs font des tours
de force extraordinaires, chaque musicien s’agite
avec vigueur, frappe à coups redoublés , et fait un
bruit épouvantable : ce que l’on” conçoit sans peine*
iorsquon songe que toute cette musique ne consiste
que dans des battemens multipliés. En effet,,
tandis que le premier musicien frappe un coup y
celui qui vient immédiatement après en frappe
deux, le troisième trois , et ainsi de suite jusqu’au
dernier qui bat continuellement. Cette musique
est cependant très-estimée des Chinois, et ils l’emploient
dans toutes les circonstances où ifs implorent
la divinité : j’ai eu occasion de l’entendre
plusieurs fois, et principalement à une époque
( a ) Art militaire des Chinois.
SÜR L E S C H I N O I S .
t)ù les Chinois attachés à la maison Suédoise adressèrent
des prières aux génies protecteurs , dans
l’espérance d’en obtenir l’arrivée de quelque vaisseau
de la compagnie. Cette infernale musique
dura pendant plusieurs semaines.
La musique vocale est plus douce , mais l’expression
en est singulière. J’ai entendu chanter
à Quanton des filles aveugles ; elles tiroient du
gosier et du nez des sons qu’il nous seroit impossible
de rendre. On peut chanter une chanson
Chinoise, mais je pense qu’il est très-difficile de
lui donner le ton convenable sans l’avoir entendu
chanter par les gens du pays, et je crois même
qu’on ne parviendroit jamais à imiter parfaitement
leurs accens.
Les Chinois notent leurs chansons ; ils emploient
pour cela les caractères dont ils se servent pour
écrire, et les disposent de la même manière, c’est-
à-dire , de haut en bas. La valeur des notes se
connoît par l’espace qu’elles occupent et par les
traits alongés qui sont placés en dessous* II y a
en outre plusieurs signes pour augmenter la valeur
d’une note ou la faire répéter, et pour indiquer
la mesure ou les repos (n.° (¡2 ).
Les Chinois ont différens instrumens de musique
; le plus doux et le plus agréable est. le
Çheng, sorte d’orgue composé de plusieurs tuyaux
de bambou enfoncés dans une espèce de calebasse