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gorges des montagnesdes édifices entourés d’arbres
; ils nous dirent que c’étoit la demeure d’un
mandarin , dont l’un des ancêtres , décapité injustement
, fut dans la suite reconnu innocent : son
tombeau est à Hang-tcheou-fou. Le bas de ces
montagnes est rempli de sépultures : ces monu-
mens étant blanchis, ainsi que les murs qui les
environnent ., on les prendroit de loin pour des
villages ; quelques-uns sont entourés d’arbres.
Arrivés à la ville de Vou-sse-hien, nous trouva-,
mes plusieurs soldats rangés en ligne ; trqis d’entre
eux avoient des trompettes. Nous passâmes ensuite
devant quelques pagodes et deux petites, îles couvertes
de maisons et de magasins de poteries ; car
ce lieu est célèbre par ses vases en terre et ses
théyères : on y fabrique aussi des jarres d’une grandeur
considérable , et qui ne coûtent cependant
qu’un taël [ou 7 liy. 10 sous ] la pièce. Il y avoit
beaucoup de mouvement sur la rivière , et nous
y vîmes des bateaux très-jolis et très-bien vernissés.
Un pont de bois fait la,communication entre le
faubourg et la ville, dont on voit les murs et la
porte en demi-cercle : peu de temps après l’avoir
dépassée, nos bateaux s’arrêtèrent.
Nous aperçûmes dans cette journée, pour la
première fois, un cercueil placé sur la terre, dans
un champ, et simplement recouvert de quelques
gazons.
[ 2,0.'] En traversant Jou-sse-kouan , bourg
très - considérable , nous vîmes trois ponts bâtis
sur le canal, et d’autres plus petits, construits sur
les branches latérales. Le canal est bordé de quais,
mais ils sont tombés en partie, ou menacent ruine.
Parmi un assez grand nombre de maisons, il y en
avoit de bonnes , entre autres celle du mandarin du
lieu. En passant devant une pagode , nous vîmes
plusieurs bonzes aux fenêtres , et une très-jolie
personne placée au second etage , derrière une
natte légère faite de bambou ; elle etoit bien habillée
, d’une figure agréable, et beaucoup mieux que
les autres femmes , q u i, en général, ne sont pas
aussi bien que les hommes : ces derniers portent ,
pour la plupart, des lunettes. On voit en sortant
du bourg, deux pagodes, et l’on en découvre d’autres
sur les montagnes : ce pays semble être la
patrie des bonzes ; ils paroissent lavoir choisi de
préférence, en effèt nulle part ils ne sont aussi
nombreux.
Ces cantons offrent aussi une grande quantité
de tombeaux , dont plusieurs occupent un espace
de terrain considérable, et sont d’une construction
recherchée. Les cercueils sont déposés dans des mai-
sons.faites. exprès, précédées de figures de chevaux,
d’éléphans., de tigres et de beliers , et entourées,
de tous côtés, d’arbres antiques que la cognee respecte
, et qui tombent uniquement par caducité*. .
D *