Au milieu de tout cela, une agitation indescriptible ; une foule
compacte se pressant entre les boutiques, des acheteurs accroupis
comptant des cauris, discutant, marchandant,! des gens se croisant
chargés d’emplettes ; un bruit assourdissant causé par cette
foule qui crie, se dispute et s’interpelle.
Plus loin, nous arrivons dans la partie la plus désagréable du
marché pour les Européens ; une odeur nauséabonde, des nuées
de mouches, des gens sales, vous font désirer de sortir au plus
vite de cet endroit : c’est le département du poisson fumé, du
poisson sec et des viandes au détail. Exposées au soleil et couvertes
de mouches bleues, ces dernières entrent déjà en décomposition,
quoique les animaux aient été tués le matin même. Passons
vite au milieu de tous ces débris sanguinolents, tripes, pieds,
têtes, sentant déjà la: charogne.
Partout et sans quartier distinct, l’huile de palme est en vente,
ainsi que les épices et les légumes, oignons du pays, haricots
bouillis et crus, herbes aromatiques diverses.
A l’écart du marché, et comme s’ils voulaient s’isoler des autres
marchands, les herboristes étalent, en petites bottes bien liées,
leurs articles pharmaceutiques. Gomme en beaucoup d’endroits
sur le marché, ce sont pour la plupart des femmes ; elles donnent
des consultations en plein vent. Le malade ou le client demande
un remède pour tel ou tel cas, et contre son argent on lui remet
ce qu’il désire. La plupart de,ces plantes, écorces ou racines, dont
nous avons parlé en traitant de la flore du pays, sont d’une efficacité
incontestable dans le traitement des affections légères.
Ces marchés sont le théâtre d’une multitude de transactions ;
on y fait des échanges de marchandises de toutes sortes, des
achats contre cauris et contre argent anglais, le seul en cours
jusqu’à présent. On y fait en une seule journée tout le commerce
qui n’a pas eu lieu depuis le dernier marché.
La foire de Whydah, celles de Porto-Novo et de Lagos réunissent
plus de vingt mille personnes ; les routes, les lagunes, sont
sillonnées de monde ; les rues, pleines d’agitation ; la ville, animée.
Le lendemain,, tout rentre dans le calme jusqu’au prochain
marché..
En plus des grandes foires dont nous parlons, il y a en certains
endroits des réunions d’une cinquantaine de marchands, qui ont
lieu les jours intermédiaires et qu’on appelle petites foires; on
n ’y vend que des vivres de toutes sortes.