inestimable. On peut citer des cas où cette terrible maladie a sévi
dans certaines régions pendant six ou sept mois de suite, tuant
ou défigurant tous les habitants. Ces ravages sont faciles à concevoir,
quand on saura qu’il n’est pris, en pareille occasion, aucune
espèce de précaution, soit pour prévenir, soit pour arrêter
a contagion. Les communications restent ouvertes et la famille
saine encore, grouille autour du malade sans avoir idée ou sôucî
du danger. C’est pourquoi on rencontre partout dans ces régions
des noirs marqués de la petite vérole.
On ne vaccine que dans les colonies anglaises, et encore, il v a
quelques années, il fallait prendre un noir de force pour le vacciner.
Une autre particularité à constater, et dont nous laissons aux
médecins le soin de trouver la cause, c’est que la petite vérole du
noir n est pas contagieuse pour le blanc. La chose est connue sur
la cote ; nous-l’avons expérimentée nous-même lors d’une épidémie
en 1886, et l’on n ’éprouve aucune crainte à soigner les malades
lorsqu’on est à même de leur procurer des soulagements
Les maladies nerveuses, telles que la danse de Saint-Guy l’épi-
lepsm, sont peu communes ; elles offrent pourtant des cas, souvent
à la suite de l’alcoolisme.
La lèpre est assez commune. Les noirs ont des remèdes indigènes
qui la guérissent. Après guérison, les endroits attaqués
restent roses, la peau ne s’y colorant plus. On voit ainsi des gens
dont le corps est tacheté dans de plus ou moins grandes propor-
L eléphantiasis est aussi très commun, surtout aux chevilles :
on en rencontre des cas à chaque pas ;- celui de la jambe ou du
pied est plus rare.
L’albinisme offre des spécimens étranges; il y a des albinos
ancs et des mi-albinos tachetés. Chez les premiers, la peau est
rosée, mais d’une autre teinte que celle de l’Européen ; le corps
est couvert de taches de rousseur ; les poils sont blanc argenté
ou jaunâtres, frisés comme chez les noirs ordinaires. Les yeux
sont châtain très clair, clignotants, quelquefois avec des reflets
rouges Ces gens sont horriblement laids. Il n ’y a pas de cas où la
aideur du noir ressorte mieux que lorsqu’il a la peau blanche:
toutes les différences de traits et d’extérieur sautent aux yeux
beaucoup plus facilement. La peau des albinos tachetés a, selon
la grandeur des taches, l’apparence de celle d’un léopard ou d’un
cheval pie ; elle se distingue très facilement de celle des anciens lépreux.
La chevelure, la couleur du poil et des yeux diffèrent selon
le degré d’albinisme; le poil est jaune filasse, roux ou châtain;
les yeux sont également plus ou moins foncés.
L’obésité est très rare chez le noir. Nous n’en avons vu que peu
d’exemples. L’hydropisie, le goitre offrent, dans certaines régions,
des cas plus ou moins nombreux.
Les maladies mentales sont exceptionnelles ; le moral du noir
n’est pas assez impressionnable pour cela. L’idiotisme, la folie
sont très rares..
Il est à remarquer que l’on ne voit jamais dans ces races un
estropié de naissance. La gibbosité est inconnue. Tous ceux qui
sont disgraciés de la nature ne sont que des victimes d’accidents
divers.
Quelques, voyageurs ont prétendu qu’il était d’usage chez ces
peuples d’étrangler dès leur naissance les enfants contrefaits.
Nous croyons plutôt que la négresse met au monde des enfants
bien constitués et qui n ’ont pas eu plus ou moins à souffrir pendant
leur développement de cet instrument de torture que la
civilisation appelle un corset.
L’enfant vient au monde simplement, naturellement ; sa naissance
amène rarement sinon jamais chez la mère cës complications
que l’on redoute d’autant plus qu’elles sont presque toujours
mortelles. L’élevage forcé au biberon serait considéré comme
une disgrâce pour la mère. L’enfant tette jusqu’à trois ans ; il ne
commence à marcher qu’à deux ans. La mortalité est assez grande
chez les enfants nouveau-nés parce qu’on ne leur donne pas les
soins qu’ils exigent.
La scission du cordon ombilical se fait très mal à la naissance ;
ce ligament est coupé au ras du ventre et il se détermine généralement
une inflammation et quelquefois un abcès qui dure
longtemps. La partie malade se développe et c’est le motif qui
fait que la plupart des Nagos et des Dahomiens -ont un nombril
énorme qui atteint chez quelques-uns la dimension d’une grosse
pomme.
La stérilité chez les femmes est l’exception ; mais, en revanche,
la négresse a rarement plus de trois ou quatre enfants.
La circoncision est un usage répandu chez les Nagos et les
Dahomiens ; il est à supposer qu’elle a été introduite par les
mahométans qui, de temps immémorial, ont fréquenté la région.