Elmina fut bombardé pour obtenir la soumission de sa population, et
malgré l’interception des communications, les habitants tirent passer aux
Achantis des renseignements et des munitions. Quelques milliers d’Achantis
furent mis en déroute p ar les Anglais à Elmina même.
Le 6 juillet, deux autres navires de guerre, le Merlin et l'Himalaya, apportaient
des vivres, des munitions, ainsi qu’un fort détachement de troupes
des régiments de « West Indies ».
Les 700 ou 800 hommes qui formaient alors les effectifs anglais eurent à
lu tte r contre les fièvres, la dyssenterie, et servirent plutôt à garnir les ambulances
et les hôpitaux qu’à renforcer la garnison.
Lorsque la saison des pluies fut passée, les hommes étaient en meilleur
é ta t; on avait remplacé les malades et les morts, et des approvisionnements
complets et d’autres troupes étaient arrivés. On commençait à connaître un
peu le pays, de nombreuses reconnaissances permettaient d’établir la route
à suivre dans le cas d’une offensive, et le colonel Harley proposa au gouvernement
de marcher sur Coumassie et de mettre une fois pour toutes les
Achantis à la raison.
La situation, resta à peu près la même, chaçun des adversaires attendant
une occasion ju sq u'au mois d’août. Sir Garnet Wolseley, alors colonel,
arriva à cette époque avec pleins pouvoirs du gouvernement anglais et avec
des troupes fraîches et nombreuses. Il était accompagné du capitaine Glover,
qui fut plus ta rd le fondateur de la colonie de Lagos.
Sir Wolseley voulut renforcer ses troupes d’effectifs indigènes. 11 engagea,
pour la durée de la campagne, quelques centaines de mahométans de
Bathurst (Sénégal) e t autant de Kroomen ; il s’assura également du concours
efficace des chefs indigènes, et exigea que chacun concourût pour sa
p a rt à une expédition où, après tout, ils étaient plus intéressés que les
Anglais eux-mêmes.
Ils devaient donner le plus d’hommes possible, se mettre eux-mêmes à
leur tête, e t un officier anglais et quelques soldats guideraient les mouvements
de chacun des détachements indigènes.
La petite saison des pluies ¡arriva de nouveau, et les maladies avec elle;
quelques escarmouches eurent lieu su r le, territoire envahi, et le 27 novembre,
avant qu’un engagement sérieux ait eu lieu, les Achantis repassaient
la P rah avec 82 000 hommes.
L’expédition destinée à l’invasion du territoire achanti fut alors organisée.
Toutes les précautions furent prises pour ne pas avoir à rebrousser
chemin. On établit et on jalonna une route allant directement à la Prah ;
on régla les campements et les a rrê ts, et des huttes furent construites à
l’avance pour le repos des troupes européennes ; on établit aussi des dépôts
de vivres, de munitions et approvisionnements de toute sorte qui furent
garnis d ’avance; on n ’oublia pas les ambulances, ainsi qu’un service de
correspondance et de communication avec la côte. Le pays était excessivement
difficile et ne permettait aucun tran sp o rt p a r véhicule; ce furent, des
indigènes qui, au nombre de plusieurs milliers, durent servir de moyen de ■
transport.
Deux corps d’armée devaient opérer de conserve : le premier, sous le
•commandement de sir Garnet Wolseley, était composé de 7000 hommes,
dont 3000 indigènes, plus 2500 porteurs; le second, sous la direction du
capitaine Glover, était composé de même façon.
On arriva à Prahsou dans les premiers jours de janvier 1874. Sir Wolseley
fit proposer au roi Koffée Kalkali de renoncer à l’invasion, s’il rendait les
Européens prisonniers, donnait des otages, et payait une indemnité qu’il
fixait.
La réponse fut évasive, on demandait du temps. Après une deuxième
injonction, le commandant de l’expédition décida d’attendre un certain
nombre de jours pour l’exécution de ce qu’il exigeait. N’ayant reçu ni satisfaction
ni même une réponse, il donna l’ordre de marcher, et l’armée
anglaise passa la Prah.
A Amoaful, un premier engagement eut lieu où les Achantis firent des
prodiges de valeur ; la victoire fut longtemps indécise e t enfin re sta aux
Anglais.
Tout guerriers et tacticiens qu’ils étaient, les Achantis avaient affaire à
une armée de blancs, supérieure, p ar la discipline, les armes et la ténacité,
à tout ce qu’ils avaient vu jusqu’alors. Les Européens leur inspiraient,
malgré leur courage et leur énergie, une peur instinctive.
Quelques jours après, on passait la rivière Orda. A Ordam eut lieu le
deuxième engagement; les Achantis se défendirent comme des lions, mais
l’artillerie de campagne fit des ravages dans leurs rangs. Ils ne reculèrent
pourtant pas, et les Anglais eurent à faire une trouée au milieu d’eux pour
continuer leur chemin. L’arrière-garde e t les flancs-gardes finirent p a r disperser
ce qui re s ta it des ennemis, e t ils battirent en retraite laissant le
passage libre aux Anglais.
Chaque village fut ainsi emporté à coups de canon, après des prodiges
de valeur de la p a rt des Achantis, qui reculaient peu à peu.
Sir Garnet Wolseley arriva ainsi devant Coumassie, où il entrait sans
coup férir le 4 février 1874.
Le roi s’était dérobé au sort qui l’attendait, ainsi que toute sa famille ;
les habitants n ’avaient pas bougé, la mort n ’avait jamais fait peur à un
Achanti. Ils assistèrent avec calme au campement de l’armée anglaise sur
une des places de la ville.
Après avoir essayé inutilement de voir le roi, sir Garnet Wolseley fit
prévenir les habitants qu’il allait b rûler la ville; ils se retirè rent. On cerna
le palais royal et on en fit le sac. Les Anglais trouvèrent de véritables tré sors,
en fait d’or et de curiosités du pays en même métal; on mit le feu
aux quatre coins de la ville, et les Anglais se retirè rent, laissant à la place
de Coumassie un monceau de cendres et de débris fumants.
Quelques jours après son retour, sir Garnet Wolseley envoya au roi un
traité que celui-ci signa et renvoya p a r son propre fils Roffee Intmi, escorté
d é toutes les notabilités achanties et de tous les rois tributaires.
11 apportait 50 000 onces d’or (240000 livres sterling ou 6 millions de fr.)
à titre d’indemnité, et voulait que tous les grands du royaume ainsi que
les chefs apposassent leurs signatures en présence du gouvernement anglais,
afin de certifier ainsi que le traité était de b,onne foi. Les prisonniers européens
furent rendus à la liberté.
Depuis, les Achantis n 'ont plus fait parler d’eux. Ce choc formidable.