Le d e u x i è m e o r d r e e s t c e l u i d e s O nichango ( p r ê t r e s d e Chango) ;
l e c o s t u m e e s t blanc e t r o u g e .
Le troisième est celui d’Oxo, dieu de l’agriculture ; féticheurs
et féticheuses portent sur le front, quand ils sont de service,
une ligne rouge d’un côté et une blanche de l’autre à la racine des
eheveux. Hors du service, ils ne portent qu’une seule de ces
lignes.
Le quatrième ordre comprend les féticheurs de tous les autres
dieux. Ceux qui ont le costume le plus remarquable sont les prêtres
et les prêtresses du serpent, surtout ces dernières ; elles portent
un pantalon bouffant et de longues robes faites d’étoffes à grandes
figures criardes; leur robe a la forme d’un peignoir ouvert; elles
ont, de plus, des bracelets énormes en cuivre, véritables fardeaux,
aux chevilles et aux bras.
Toutes ces congrégations vivent séparées les unes des autres
dans de grands salams1, où personne n ’est admis en dehors de
ceux qui en font partie.
Il y a, dans ces salams, des écoles où l’on apprend aux enfants
des féticheurs à chanter et à danser d’abord ; puis, plus tard, à
exercer le culte auquel ils sont destinés. Les parents chantent et
dansent eux-mêmes presque tous les jours. Ils sont de service,
chacun à leur tour, dans les temples dont ils prennent soin. Ceux
dont ce n’est pas le jour restent au couvent et s’occupent d’ouvrages
en cuivre et en paille dont le produit les aide à vivre.
Féticheurs et féticheuses de toutes les classes vivent d’offrandes
faites aux dieux et de sommes qu’ils savent extorquer aux indigènes
à tout propos.
Les fonctions de féticheur se transmettent du père auifils. Il y
a pourtant, comme nous l’avons dit, des exceptions à la règle :
les parents qui veulent vouer leur fils ou leur fille au fétiche peuvent
le faire moyennant une forte rémunération. Si les féticheurs
acceptent, ce sont eux qui élèvent l’enfant, qui change ainsi de
parents; d’autres fois, ils prennent des affiliés ; ces derniers peuvent
être admis à l’âge adulte, mais ils ne doivent pas éxercer le
culte; ils restent chez eux lorsque leur initiation est complète
et restent aide-féticheurs. On fait passer l’affilié par une foule
d’épreuves qui n’ont pour but que de s’assurer de son silence
i. Grandes réunions de cases entourées d’une palissade commune, habitées
généralement par des gens exerçant le même métier et se connaissant
tous.
lorsqu’il sera initié à la plus grande partie des supercheries de la
religion.
Les fêtes du fétiche reviennent chaque année à une époque fixée
par le roi, généralement en septembre. Les villes sont alors très
gaies. Toutes les divinités, toutes les idoles courent les rues,
sur les épaules de leurs féticheurs, se rendant visite les unes aux
autres ; les féticheurs les accompagnent en grande pompe, soufflant
dans des trompettes d’ivoire réservées pour cette occasion,
battant du tambour et escortés par la foule qu’ils rencontrent sur
leur passage.
Les divinités gardent parfaitement leur rang en cette circonstance.
Tous les fétiches de deuxième et troisième ordre rendent
visite aux grandes divinités par ordre hiérarchique ; celles-ci daignent
ensuite s’arrêter un instant chez leurs subalternes, comme
pour les honorer de leur présence.
Presque tous les jours, en dehors des cérémonies extraordinaires
du culte, les féticheurs des deux sexes exécutent des processions
dans la ville ; chacun d’eux arbore alors son costume le
plus propre et le plus neuf. A Porto-Novo, l’or, l’argent, la soie,
le brocart, les passementeries, abondent dans ces tenues de
parade ; tout le monde est paré des bijoux les plus riches. Au
Dahomey, où tout ce luxe n’est pas toléré ; les processions ont lieu
avec un pagne neuf, rien de plus.
Les tam-tams se réunissent sur les places publiques, et, au
pied d’un arbre, commencent leur étourdissant tintamarre. Au
loin apparaît une longue file indienne ; ce sont les féticheurs et
les féticheuses ; la gaieté brille sur leur visage et tous ont un air
de fête.
En arrivant, les hommes se rangent en peloton, régulièrement
alignés, et s’asseyent dans le même ordre au milieu de la place,
accompagnant de leur chant plein d’ensemble la marche des
femmes.
Les féticheuses sont rangées par ancienneté; entête, une vieille
femme grisonnante ; à la queue, un petit enfant. Tout cela marche
à la cadence marquée par les contre-temps du tam-tam, sans un
pas, sans un mouvement faux ; les bras sont ramenés en arrière,
les coudes pliés comme dans la position du pas gymnastique ; les
doigts sont allongés et joints pour mieux montrer, le cas échéant,
les bagues multiples dont ils sont chargés.
A chaque pas, le bras suit la jambe, dans un gracieux mouve