un homme et une femme, qui avaient dû être embarqués la nuit précédente
su r un navire. Celui-ci avait appareillé au point du jo u r, ses voiles
voyaient encore à l’horizon. ,
Dès que les esclaves arrivent à bord, on leur enlève les pagnes qu on ne
leur a donnés que pour la forme, et on les j e t t e à fond de cale.
En cas de rencontre fâcheuse en mer, on fait monter les esclaves sur le
pont, on leur rend leur pagne et une copie du contrat, et on les fait passer
pour de paisibles passagers se rendant de leur plein gre en pays étranger,
ceux qui sont rétifs sont jetés à la mer avec une pierre au cou et les mains
attachocs « , , ,
Nous nous empressons d’ajouter que ces gens ne sont pas à plaindre du
to u t; dans le pays où on les mène, ils sont forcément considérés comme des
hommes libres travaillant pour gagner leur vie. Ils sont payes. Au_bout de
quelques années, ils ont une petite propriété, et il est inutile de dire qu
refuseraient énergiquement de retourner chez eux si on le leur proposait.
Abomey Porto-Novo et Whydah sont les trois grandes villes de la région ;
celles qui suivent ont moins d ’importance à tous les points de vue : ce sont,
en réalité, des villages.
Grand-Popo ou A fia, Popô, appelé Pla p ar les indigènes, était autrefois la
capitale de la principauté du même nom. Les voyageurs anciens ne sont
pas d’accord sur son importance d’autrefois ; les uns la décrivent comme une
■ville très considérable, les autres n'en font aucun cas et en parlent comme
d’un petit village. / ’ - „ ,, ,
Les Popos se divisaient autrefois en deux principautés distinctes . celle de
Grand-Popo et celle de Pelit-Popo. La dernière garda son indépendance;
mais Grand-Popo, devenu tributaire des rois de Juda, ne recouvra sa liber e
que lorsque ceux-ci disparurent. H |
Les gens des Popos soutinrent Juda dans ses révoltes contre le Dahomey,
et ils partagèrent souvent les défaites que ce dernier lui infligea. Leur peu
d’importance fut la seule cause pour laquelle le Dahomey ne les considéra
jamais comme valant la peine d’une conquête. ,
En 1890, les anciennes principautés étaient réunies et formaient Etat es
Popos, n ’ayant pas de capitale, mais trois villes principales : Grand-Popo,
Petit-Popo et Porto-Seguro. La première était sous l’influence française, et
les deux autres sous celle des Allemands.
Grand-Popo est situé p a r 6-17' de latitude nord et 0°27' de longitude
ouest de Paris, sur une langue de sable de 230 mètres de largeur, qui est
entre la mer et la lagune.
La mer ronge continuellement le territoire. Plusieurs constructions, parmi
lesquelles une factorerie européenne,furent enlevées, il y a quelques années,
avec le sable qui les supportait. La ville aura, dans un temps plus ou moins
éloigné, à se tran sp orte r ailleurs, à moins qu’une nouvelle bouche ou un
ouvrage quelconque ne détourne le courant qui frappe en cet endroit. La
population peut être estimée à 7000 ou 8000 habitants au plus. Il y a les
mêmes maisons françaises qu’à Whydah et cinq maisons allemandes.
La ville, par elle-même, n ’a aucun commerce ; mais elle est le centre de
réunion de tous les produits qui arrivent d’Agomé ou de la rivière du même
nom, d’Abanankem, d’Hévé e t d’une foule de petites localités situées dans
les environs. Elle ne paraît pas destinée à un avenir brillant.
La rade de Grand-Popo est plus sûre que celles de Whydah e t de Koto-
nou ; les fonds sont à peu près les mêmes : de 6 à 12 mètres, à 400 mètres
de la barre ; sable fin.
Petit-Popo est plus important que Grand-Popo. La ville promet de subir
de grands changements avant qu’il soit longtemps; plus peuplée que Grand-
Popo, elle possède les mêmes comptoirs commerciaux.
Sa situation exacte est 6°14' de latitude nordjet 0°44' de longitude ouest
de Paris, sur une langue de sable comme celle de Grand-Popo. Le gouvernement
allemand y fait des plantations de tabac et de café, qui promettent
le succès. P a r suite de ces améliorations, elle aura dans quelques années
une avance considérable sur Grand-Popo, comme civilisation.
Kotonou (Okou tônou, la lagune des morts, en langue indigène, parce que
l’on jetait les morts dans la lagune qui avoisine le village) n’a d’autre importance
p ar lui-même que d’être le port de Porto-Novo. C’est un petit village
indigène, qui consistait en une soixantaine de cases et pouvait avoir 700 ou
800 habitants ; il a été brûlé et rasé le 23 février 1890.
Les établissements européens étaient le télégraphe, qui communique avec
Aceva depuis le 1” novembre 1886, le poste de tirailleurs et les entrepôts
de transit des maisons françaises établies à Porto-Novo, tous entrepôts
établis à 200 ou 300 mètres de la plage. ; , ... , , 0_a
Kotonou appartient à la France, comme on sait, par les traites de 1878
et 1890. Le village est situé par 6°22'10" de latitude nord e t 0 7 52 de
longitude est de Paris.
Des ouvrages de fortification passagère ont été élevés à Kotonou au moment
de l’expédition. C’étaient, à l’ouest, le fort Moreau, la redoute Gallo s
et la batterie de la plage, - à l’est, la batterie Septans et la redoute de la
lagune.
Godomé ou Jacquim, comme on le nomme encore sur bien des c a rte s modernes,
est construit sur l’emplacement qu’occupait l’ancienne ville de Jacquim,
capitale,du royaume du même nom, détruite p a rle Dahomey en 1729
’ Jacquim fut un grand centre de tra ite avant l’invasion Jah omienne e t
même après. Toutes les nations établies à Juda : Portugais, Danois, Hollandais,
Suédois, Anglais, Français, y possédaient des forts ou des “ mPj>
placés sous la direction de ceux de Juda. C’éta.t une ville importante siluee
sur le bord de la lagune, comme Godome a u jo u rd h u i, la agune PP
alors rivière de Jacquim. Les anciens négriers y envoyaient de Juda des mar
chandises, que l’on débarquait de la pirogue à la porte de la negrerie
En 1729, la ville fut incendiée, les forts rasés ; aujourd hui, les palmiers ont
poussé, la végétation a to u t couvert, et, ni aux alentours de Godome, ni ail
leurs où ne voit plus aucune trace de l’ancienne ville, sauf deux grands
arbres qui, dit-on dans le pays, étaient dans le fort hollandais.
Godomé communique avec le lac Denham par un chenal qui est presque