grands pour y mettre la main fermée; les joueurs, au nombre de
deux, ont chacun une rangée. Au début, on met dans chacun des
trous trois graines fort dures. Le jeu consiste, en changeant successivement
les graines de place, d’arriver à mettre la dernière
seule dans un trou vide en face d’un de ceux de l’adversaire bien
plein ; on a ainsi le droit de tout prendre. On ne doit pas sauter de
trou; c’est celui qui a pris le plus de graines à l’autre qui gagne
la partie. Il y a ainsi un grand nombre d’autres jeux peu variés.
Mais les plus grandes distractions du noir consistent toujours
dans des amusements bruyants, tels que la musique, le chant, la
danse.
Le noir a-t-il l’oreille musicale ? Jusqu’à un certain point, oui.
La musique, comme la comprennent les nations tout àfait civilisées,
est une pure convention, à laquelle nous sommes accoutumés,
convention douce et agréable sans doute, mais qui nous est néanmoins
particulière ; dès que les règles de l’harmonie ne sont plus
suivies, notre oreille européenne en est forcément choquée. Certains
airs de chansons nègres nous paraissent horriblement faux,
il nous semble que chaque note passe à côté de sa véritable tonalité
; et pourtant tous les noirs chanteront cet air de la même façon.
D’un autre côté, faites entendre à un nègre les accords les plus
harmonieusement fondus de l’orgue, ce dieu des instruments, et
cette musique passera dans ses conduits auditifs sans faire d’autre
impression que l’étonnement d’entendre sortir d’une’’grosse boîte,
tant de bruits à la fois; il ne comprend pas notre musique, de
même que nous n ’apprécions pas la sienne.
Toutes les chansons nègres sont composées sur un rythme lent
et monotone ; triste ou gai, le même air est légèrement répété un
grand nombre de fois; ils ont des chants spéciaux, des choeurs
pour ainsi dire; ces chants se composent alors d’un solo ou couplet
et d’un refrain en choeur.
Le Minah, le Popo, ont beaucoup plus de rapprochement dans
leurs chants avec notre harmonie que tous les peuples voisins dans
la région, Au Dahomey, on montre fort peu de dispositions à chanter,
et au Yorouba et à Porto-Novo, on pousse des cris discordants.
Le Minah est plutôt triste que gai, plus sensible peut-être que
ses voisins ; son chant est quelquefois empreint de beaucoup de
charme. Ceux qui se livrent au périlleux travail de passer la barre,
entonnent au moment du danger des choeurs de leur pays ; ces
chants, mêlés au fracas des vagues, arrivent au spectateur par
INSTRUMENTS DE MUSIQUE ET JEU .
I l GUITARE EN FAUX B A M B O u f e - 2 . CASTAGNETTES EN OSIER DE LA CÔTE DE KROU. — 3 . TAMTAM.
4 . CASTAGNETTES EN O S IER DU DAHOMEY. — 5 . M USIC IENS A M B U L A N T S .» ^ 6 . HARPE DE LA CÔTE DE KROU.
7 . FLUTB DES PO PO S . — 8 . JE U DE GODETS.