comment allez-vous ? Bonjour, et votre case ? Bonjour, et votre
femme? Bonjour, et vos enfants? Et votre père? Votre mère? Et
la récolte ou le commerce? Bonjour, bonjour... » Et ils s’éloignent,
répétant dix fois le mot okou (bonjour), sans se retourner,
et jusqu’à ce qu’ils ne s’entendent plus.
En répondant à une question, les noirs ajoutent : Par la volonté
de Dieu, ou la grâce de Dieu, merci à Dieu, etc., surtout
lorsqu’ils donnent des nouvelles de leur famille.
11 faut que deux individus soient brouillés ou qu’ils ne se connaissent
pas du tout, pour passer sans se dire un mot ; et souvent
même, dans le dernier cas, ils échangent un okou froid et sans
répétition.
Les formules de politesse sont nombreuses ; il y a des mots
différents pour se saluer le matin, à midi, après midi, le soir, la
nuit, ainsi que des formules pour se complimenter à toutes ces
heures.
Le salut de la tête, de la main ou de la coiffure est une chose
inconnue. Lorsqu’ils se rencontrent, les indigènes ralentissent le
pas, s’arrêtent à 3 ou 4 mètres l’un de l’autre et échangent leurs
salutations quelquefois même sans se regarder ; ordinairement,
ils ralentissent, mais ne s’arrêtent pas.
Dans les villes où il y a des Européens, ils commencent à se
donner la main assez gauchement.
Ce qui précède ne comporte que la politesse d’égal à égal.
Lorsqu’il rencontre un chef quelconque, cabéçaire, larry, féti-
cheur, l’indigène doit se jeter à plat ventre, embrasser la terre,
une, deux ou trois fois, selon le rang du supérieur, et, se relevant
à demi sur ses coudes, faire claquer trois fois le médius
droit dans la paume de la main gauche. Il se relève ensuite et
attend qu’on l’interroge ou qu’on le congédie. Les grands eux-
mêmes en font autant aux chefs au-dessus d’eux, au mingan, au
roi ; avec ce dernier, ils restent souvent par terre cinq minutes.
A la cour de Dahomey, ils prennent de la terre, de la poussière ou
de la boue, selon l’endroit, et s’en couvrent la tête et la figure en
signe d’humilité. Tout le peuple en fait autant partout dans le
Dahomey, spécialement à la Gore, quand on prononce le nom du
roi ou qu’on va transmettre un de ses messages.
Les chefs entre eux se donnent deux doigts de la main et font
claquer les autres dans le même mouvement. Cette manière de se
saluer est fort bizarre et il faut l’apprendre. C’est une de ces
choses si particulière, si typique, qui caractérisent les moeurs
dahomiennes et qu’on ne voit nulle part ailleurs.
Les femmes du roi ou des chefs sont également l’objet d’un
grand respect ; il est défendu de les frôler en les croisant dans
les rues. L’homme qui touche une de ces personnes de distinction
a la main coupée et la femme reçoit une bonne correction pour ne
pas s’être tenue assez à l’écart dans la rue. Dans les cas d’adultère
ou seulement d’apparence ou de soupçon, les deux coupables ou
supposés tels sont décapités immédiatement sans autre forme de
procès.
Pour éviter, de part et d’autre, ces petits inconvénients, les
femmes du roi ou des chefs crient continuellement dans les rues :
Ago ! (gare, écartez-vous 1). Tout le monde se range de côté et
quelquefois même, lorsque la rue est étroite, rentre dans les maisons
pour les laisser passer.)Quand elles rencontrent des Européens,
elles s’écartent d’elles-mêmes. Elles évitent les cohues ;
mais, lorsqu’elles vont au marché, elles font autour d’elles un vide,
qui prouve combien on craint la colère des maris.
La femme de distinction porte son fardeau sur l’épaule, jamais
sur la tête ; avec ces caractères extérieurs, le costume et la coiffure
dont nous avons parlé, il est difficile de ne pas la reconnaître
à première vue.
Dans la famille, la politesse est également observée ; l’enfant,
lorsqu’il est jeune, s’agenouille pour parler à son père et, plus
tard, il le traite comme les grands du pays. La femme, également,
se met à genoux devant le mari ou le père, et le cadet,
quel que soit son âge, a pour son aîné une très grande déférence.
Les noirs se font continuellement des visites de l’une à l’autre
case ; ils vivent, à ce point de vue, en excellents rapports.
Le visiteur est toujours bien reçu dans une case, du moment
qu’il n’a rien à demander et ne vient que pour causer. La seule
chose qu’on trouve toujours à profusion, c’est l’eau. Celui qui a
soif peut entrer n ’importe où, on ne lui refusera pas à boire.
Celui qui vous offre de l’eau ou une boisson quelconque boit toujours
une ou deux gorgées avant vous, afin de vous montrer que
le liquide n ’est pas empoisonné. G’est encore un des usages les
plus vieux. De même, avant de boire, vous devez verser une
goutte à terre, fût-ce de l’alcool, pour le fétiche, et, si c’est de
l’eau, cracher la dernière gorgée, qui ne doit jamais s’avaler.
Lorsqu’un chef rend visite à un autre chef, il y a un certain