ses voisins; il n’afusionné avec aucun d’eux ; sa race, ses moeurs,
sa façon d’être, sont restées pures de tout mélange, et de nombreux
traits de son caractère lui sont exclusivement particuliers.
Les Yoroubas1 sont, pour ainsi dire, la nation mère de la Côte
des Esclaves ; ils forment, en très grande majorité, sa population
actuelle ; ils doivent être placés avant les Dahomiens par l’ancienneté
et le nombre.
L’Yorouba est situé à l’est du Dahomey ; son territoire est environ
quatre fois plus étendu et sa population plus agglomérée en
proportion des autres pays de la région. Contrairement aux Fons,
les habitants se sont fondus un peu avec tous les peuples des
environs ; leur langue est presque universelle sur la côte ; on la
parle et on la comprend depuis la Côte d’Or jusqu’au Bénin, et c’est
celle qu’il est indispensable de savoir pour aller partout et se faire
comprendre. Cette expansion de l’idiome est la seule preuve de
l’influence qu’ont eue autrefois les Yoroubas ; elle prouve aussi
leur mélange avec les autres peuples.
Comme nous l’avons dit, ils n’ont aucune idée de leur histoire
ancienne ; ils ne se rappellent que les principaux événements peu
éloignés de l’époque actuelle ; ils n’ont aucune notion du passé,
de leur origine ou de leur formation. Nous avons bien entendu
quelques versions à ce sujet, mais elles n’ont entre elles aucun
rapport, et émanent plutôt de l’imagination et du désir que nos
interlocuteurs ont eu de satisfaire notre curiosité.
Les Popos, qui limitent le Dahomey au sud-ouest, forment,
comme nous l’avons démontré, une nation plus ancienne que les
Djegis ; ils combattaient contre le royaume de Juda pour conserver
leur indépendance, alors que les Fons étaient à peine connus, et
formaient déjà une petite nation organisée, quand ceux-ci n’avaient
pas encore commencé leurs conquêtes.
Au nord des Popos et sur une étendue d’environ 50 kilomètres,
le Dahomey est limitrophe du territoire des Fantis, un des peuples
qui occupent l’est de la Côte d’Or.
Nous reviendrons, plus tard, à l’origine de tous ces peuples et
à ce que l’on sait de leur histoire ; il nous reste à mentionner les
plus terribles voisins du Dahomey à l’ouest, les Achantis.
Les Achantis sont un peuple dont l’origine est plus récente que
Les Yoroubas sont l’ensemble d’un peuple comprenant les Egbas, les
Eyos ou Ohios et quelques autres ; on les appelle également Nagos, du nom
de la langue qui leur est commune.
celle du Dahomey et du Yorouba. Ils ont conquis, vers la fin du
dix-septième siècle, le territoire qu’ils occupent aujourd’hui.
Venues du nord, on ne sait d’où, leurs hordes terribles ont balayé
les peuples établis entre les montagnes de Kong et la limite sud
de leur territoire actuel. C’est dans cette immense étendue qu’ils
fondèrent le royaume aujourd’hui existant.
Les Aquamaboes, dont la puissance et le territoire s’étendaient
beaucoup plus au nord, à cette époque, ont été refoulés depuis
1807 dans les limites qu’ils occupent actuellement.
Il était indispensable de faire connaître tous les pays environnant
le Dahomey, pour pouvoir suivre les événements qui se sont
déroulés plus tard, ses annexions successives de territoires, les
guerres qu’il a entreprises, et ses campagnes heureuses ou malheureuses.
On saura ainsi quels sont les adversaires qu’il eut à
combattre et quelles étaient ses ambitions et ses convoitises.
Plus tard, nous reviendrons sur les régions voisines du Dahomey;
nous ne faisons que les mentionner pour le moment, et nous
reprenons le cours de notre histoire.
La formation du Dahomey.
Nous avons laissé Aho au moment où il faisait construire les
murailles de sa capitale, après avoir sacrifié à son ambition le dernier
roi des Fons. Il convoite déjà la possession de royaumes plus
grands que le sien ; il veut subjuguer ses voisins, quoiqu’il ne soit
auprès d’eux qu’un roitelet sans force; il veut leurs richesses,
leurs peuples, leurs territoires; il veut que les Fons fassent trembler
les nations voisines et que leur nom seul jette la terreur
chez elles.
Il va commencer lui-même l’accomplissement de ses projets ;
le jour où la mort viendra l’arrêter, il léguera la même tâche à ses
successeurs, et si tous le secondent et sont animés du même esprit,
le Dahomey deviendra, dit-il, un peuple de guerriers : ses batailles
seront des victoires, ses conquêtes des États, ses prisonniers des
princes et des rois.
Pourtant, les Fons sont en petit nombre et ils vont attaquer
des peuples puissants qui se défendront sans peine et les repousseront
avec pertes. Tout leur courage, toute leur bravoure seront
inutiles ; ils seront accablés, couverts par le nombre ! Ils songent