ils tirent, dans le nord du pays, de l’ocre rouge et un mauvais vermillon
qu!ils ne peuvent encore appliquer aux tissus, malgré leurs
nombreuses tentatives dans ce but. Ils ont également du jaune,
dont nous n ’avons pu découvrir la source, qui est pourtant indigène;
il a la teinte du jaune de chrome, mais nous ne croyons pas
qu’il existe ou du moins qu’on exploite dans le pays les métaux
dont il provient. Il est à supposer que cette couleur est végétale.
Ils connaissent, par l’alliage du jaune avec le bleu, la façon de
faire du vert de différentes teintes ; mais, de toutes ces nuances,
le bleu seul est jusqu’à présent indélébile. Les autres servent plutôt
à peindre les idoles, l’intérieur des temples fétiches, les objets
de luxe au moyen d’un mélange d’huile de palme et de résine,
peu durable. Ce sont généralement des femmes qui sont teinturières.
P otiers. — La poterie fait l’objet d’un grand commerce local et
occupe beaucoup d’ouvriers des deux sexes. La matière première
se trouve partout; c’est de l’argile plastique mélangée d’argile
commune avec un peu de sable. Le pétrissage se fait avec les
pieds. La pâte devient d’autant plus fine et plus tenace qu’elle est
plus travaillée ; on la remue fort longtemps. Tous les travaux sont
faits à la main et sans outils. Il est très curieux de voir les potiers
à la besogne; avec une dextérité étonnante, ils donnent aux objets
des formes régulières et qui témoignent d’un coup d’oeil irréprochable.
Tous les récipients sont remplis avant la cuisson d’un sable
fin et très tassé destiné à leur conserver leur forme. Comme la
chaleur fend 1 argile et qu’une cuisson serait insuffisante, on expose
la poterie fraîche au soleil, ce qui équivaut à une température de
/5 à 8o degrés centigrades. Use produit sur les vases, pendant le
séchage, des crevasses que l’on rebouche avec soin avant de faire
cuire au four. Avant cette opération, il y a des potiers dahomiens
qui passent une pâte fine et unie sur la surface, en guise de vernis.
Le four consiste en claies de bois à brûler sur lesquelles on place
les récipients, que l’on recouvre ensuite de sable et de terre soutenus
par des charpentes, de façon à empêcher les éboulements et
1 évasement au moment de la combustion des claies. Le feu est
placé en dessous et le tirage s’opère au moyen d’un trou ménagé
àlapartie supérieure.
La cuisson dure de dix à quinze heures. On opère ensuite le
nettoyage des vaisseaux et on les polit extérieurement avec du
sable'fin et de l’eau. Dans certaines régions, l’argile est mélangée
de vase et la poterie est noire au lieu d’être rouge.
Cette industrie fournit une foule de choses indispensables à
la vie matérielle : cruches, pots, marmites, écuelles, fourneaux
portatifs, fourneaux de pipes, lampes, soufflets de forge, etc., etc.
Vanniers. —La vannerie occupe également beaucoup de monde.
Les matières premières sont très variées : la paille de mandine,
l’écorce du roseau, le faux bambou et le cipeau sont les principales
que l’on emploie. Il en existe une foule d’autres provenant des
branches flexibles d’arbustes, de .lianes, d’écorces, etc. Les vanniers
font des paniers, des corbeilles de toutes les formes, des
nasses, des cages, des éventails, des supports de pots à huile
nommés cocos, des ratières, qui sont une curiosité par elles-
mêmes ; de grands chapeaux indigènes, dont les ailes ont I mètre
de diamètre et qui servent de parapluie aux gens du pays, des
nattes de toutes sortes, des sacs en paille et mille autres objets
du même genre.
Calebassiers. — Les fabricants de récipients en calebasses cultivent
eux-mêmes leurs cucurbitacées ; par des compresseurs fixes
adaptés au fruit pendant la croissance, ils obtiennent des formes
variées et fantaisistes. Ils laissent ensuite sécher la calebasse, la
vident, et les récipients sont faits. Ce sont de grandes écuelles
plates que l’on porte sur la tète, des bouteilles, des écuelles-
assiettes, des pots munis d’un couvercle, ou l’on garde la nourriture,
des seaux, etc. La partie artistique consiste en sculptures et
ornementations en relief et à jour, que les fabricants taillent au
couteau sur l’écorce extérieure de leurs récipients, et qui en font
non plus des ustensiles de ménage, mais des objets de luxe où l’on
met des bijoux et des choses précieuses.
Corroyeürs. — Les corroyeurs viennent ensuite ; ils emploient
toutes les peaux qu’ils peuvent trouver : agneaux, moutons, chevreaux,
chèvres, boeufs, etc. Comme la tannerie n est connue qu au
Yorouba, les Dahomiens et les Minahs préparent leurs cuirs d’une
façon spéciale. Ils mettent d’abord au soleil la peau à sécher,
lorsque toute trace d’humidité a disparu, ils l’étendent sur une
planche, et, avec des maillets ou des pierres trempées dans de