parties : l’enterrement et les funérailles proprement dites, qui ont
rarement lieu en môme temps, soit parce que les parents n ’ont
pas les moyens de payer les dépenses le jour de la mort, soit parce
que l’usage a, dans ces cas, des règles définies.
Selon les localités, on laisse s’écouler entre les deux cérémonies
un laps de temps plus ou moins long : de quelques jours à un an,
au Dahomey, d’à peu près autant à la Côte d’Or, de douze à
quinze mois au Yorouba et de trois ans chez les Achantis. Cet
usage n ’existe pas au Jebou. D’ailleurs, l’intervalle loin d’être
invariable, est suhordonné à la décision de la famille.
L’enterrement se fait différemment selon les pays; ces cérémonies
sont assez curieuses à passer en revue : au Dahomey et au
Yorouba, on enterre, dans le sous-sol de la case, le corps placé
dans la fosse, sans cercueil. Aux Popos et à la Côte d’Or, on construit
une bière en branchages ou en planches. Au Jebou, au lieu
d’enterrer le mort, on le fume comme un poisson et on le place
sur une claie pendue à la toiture. Chez les Achantis, on ne peut
ensevelir le corps qu’au bout de trois ans. Pour conserver le corps
jusque-là, on procède comme au Jebou ; on fume le défunt lentement
en le retournant sur le gril pendant plusieurs jours et en le
parfumant avec des herbes aromatiques ; quand il est cuit à point
pour se conserver, on le met dans un coin et l’on n’y songe plus
jusqu’au jour des funérailles. Il faut ajouter que, ce jour-là, on
témoigne à la momie les mêmes marques de douleur et de sympathie
que si la mort remontait à la veille.
Il y a au Dahomey et au Yorouba, des fêtes dites des funérailles,
en l’honneur de tous les gens morts pendant l’année dans chaque
famille.
Mais revenons au moment du décès. Vingt-quatre heures après,
au milieu des parents et amis qui doivent venir faire nombre et
se lamenter dans la case mortuaire, on lave soigneusement le
corps, on le pare de son plus beau pagne, de quelques bijoux
même, si sa situation le permet ou que la loi admette ce luxe, et
on le descend dans la fosse. On met à côté de lui un peu de nourriture,
un pot d’eau et quelques cauris, quelquefois un bâton ou
une arme, et l’on referme le trou sur lui. Il est des régions où l’on
ne met que quelques cauris. Au Dahomey, le plus grand chef n’a
le droit d’emporter dans sa tombe que quelques attributs lui ayant
appartenu, tout ce qu’il possède étant la propriété du roi. Dans les
pays voisins, on ne met jamais un grand dans sa dernière demeure
sans enterrer avec lui, quelquefois vivants, sa femme et ses esclaves
préférés.
La mort d’un roi, au Dahomey, donne lieu à de véritables hécatombes
humaines ; le sang coule à flots, on le pétrit avec l’argile
de son tombeau en y mêlant de la poudre d’or ou autres choses
précieuses ; plus il y âde victimes, plus la cérémonie est fastueuse.
Mais le souverain seul se réserve ces marques de distinction ;
personne que lui, dans son royaume, ne peut être enterré en compagnie
de femmes ou d’esclaves.
Après l’enterrement, on sert un léger repas, et les assistants,
pour se remettre sans doute de leur émotion, boivent beaucoup
de tafia ; on chante comme au mariage, on danse, et l’on se sépare
en regrettant qu’il ne meure pas tous les jours un ami ou un
parent. La cérémonie de l’enterrement est terminée.
Le deuil est sévère pour les veuves. Dès que le défunt est enterré,
elles se rasent la tête, quittent tous leurs ornements ou leurs
pagnes de couleur et se couvrent de vêtements usés et sales ; elles
doivent pousser des cris et répéter le nom de leur mari pendant
huit jours. Après ce laps de temps, leur douleur se calme subitement,
et il n’est plus question du défunt que quand la conversation
tombe sur lui. Les autres parents, qui ont oublié l’événement
aussitôt qu’ils sont sortis de la case mortuaire, font une visite
aux veuves, et c’est tout. Le deuil d’un mari dure douze lunes ;
il ne consiste que dans le manque de bijoux et d’ornements et
la chevelure rasée. On peut se remarier quand on veut.
Le mari n’est pas forcé de porter le deuil de la femme ; il se
fait quelquefois raser là tête lorsqu’il veut témoigner du regret.
Il peut se remarier le lendemain.
Le deuil du père et de la mère consiste dans les mêmes détails
que celui du mari. Il empêche le mariage pendant douze lunes.
Le jour où les funérailles ont lieu — nous avons dit que l’époque
en est irrégulière—on voit la répétition exacte de toutes les cérémonies
de l’enterrement : parents et amis jouent avec une perfection
admirable la scène du premier jour; les explosions de
douleur, les cris, les contorsions désespérées recommencent,
comme douze mois auparavant ; on croirait, en assistant à ce triste
spectacle, que l’être chéri frappé par la mort est encore tiède sur
son lit.
La cérémonie se termine par un repas abondant, des libations
copieuses, des chants, des danses et des coups de fusil qui durent