à Kotonou, rappelant à ce sujet la teneur des traités de 1868
et 1878.
Le Portugal répondit qu’il n ’avait pas connaissance de ces traités
et qu’il n ’en avait pas été instruit-lors de la signature de sa convention,
sur laquelle, d’ailleurs, se trouvait compris le territoire
de Kotonou. Mais l'affaire s’arrangea, et le 14 septembre 1885, le
pavillon français fut hissé à Kotonou pour la première fois. Si
nous avions eu soin de mettre notre drapeau dès la signature du
premier traité, cet incident eût été évité.
La convention que le roi de Dahomey venait de signer avec le
Portugal devait bientôt donner lieu à des désaccords. Voici, d’ailleurs,
dans quels termes et en quelles circonstances sa signature
avait eu lieu.
Le traité donnait aux Portugais, à l’insu du roi, des droits importants
sur le Dahomey ; il leur accordait l’administration des
villes du littoral dès qu’ils pourraient l’organiser, et une foule de
concessions au désavantage de Glèlè.
Malgré toute la mauvaise foi qui a toujours primé dans les promesses
et les transactions du Dahomey avec tout le monde, il est
impossible de croire que le roi ait été au courant de la teneur du
traité avec les Portugais.
Comptant toujours sur son influence pour en pallier au besoin
les effets, le chacha trompa dans cette circonstance, avec beaucoup
d’adresse, les deux parties contractantes. Il persuada aux Portugais
que le roi n ’ignorait aucun des nombreux articles de la convention
et consentait aux moindres détails qui y étaient contenus ;
de l ’autre côté, il fit croire à Glèlè que les Portugais voulaient
seulement mettre un drapeau comme insigne de commerce, et que
cela ne changeait rien à l’état des choses.
Les fonctions d’interprète officiel ainsi que d’intermédiaire,
dont il s’était chargé, facilitaient au chacha, le jour de la signature,
ce rôle difficile de tromper deux parties en présence, sur le
compte l’une de l’autre. Il espérait que les Portugais ne réclameraient
pas de longtemps l’exécution des clauses épineuses, et
qu’il aurait le temps, d’ici là, de mettre sa personne et ses biens
à l’abri du danger.
L’important pour lui était de toucher sa commission, et, pour
cela, il fallait que le traité fût signé.
Deux ou trois ans se passèrent, et le Julian Félix da Souza commença
à croire que la bombe n’éclaterait jamais. A cette époque,
lui et les siens menaient à Whydah une existence honteuse ; les
moeurs étaient déjà fort relâchées dans la deuxième capitale du
Dahomey, mais la famille du chacha et tout ce qui y tenait de près
ou de loin donnaient à tous l’exemple de la plus scandaleuse immoralité.
Tout alla bien entre le Dahomey et le Portugal tant que celui-
ci ne fit que mettre son pavillon sur une case et le faire garder
par quelques soldats. Mais, en 1887, le gouverneur général de
San-Thomé fut envoyé au Dahomey pour avoir une entrevue
avec le roi et régler avec lui des points importants relatifs au traité
de 1885.
Le roi, qui n’avait pas l’habitude de se laisser imposer des visites,
ne daigna pas recevoir le gouverneur, et comme ce dernier avait
déclaré qu’il était pressé, il le fit attendre deux mois et demi
à Whydah.
Las de rester à la disposition de Glèlè, le fonctionnaire portugais
repartit sans le voir et rendit compte à Lisbonne de l’accueil
qui lui avait été fait. De son côté, le roi demanda dès explications
sur la visite intempestive du gouverneur de San-Thomé.
Julian da Souza avait cherché à excuser, auprès du fonctionnaire
portugais, la façon d’agir de Glèlè, protestant qu’il était absent,
malade ou à la guerre chaque fois que le roi lui envoyait dire
catégoriquement qu’il n’était pas disposé à le recevoir. Mais toutes
ces bonnes raisons ne convainquirent qu’à moitié le gouverneur
de San-Thomé, qui partit fort mécontent. Le roi, de son côté,
crut ce que le chacha voulut bien lui raconter.
Le gouvernement portugais, voulant une explication, envoya
à Whydah une mission qui, cette fois, fut reçue par le roi à
Abomey, en mars 1887.
Le chacha, retenu à Whydah par des ordres du roi qu’il avait à
faire exécuter, ne put accompagner la mission, et son double jeu
fut découvert par le roi. Comme Glèlè avait ses projets, il ajourna
sa réponse, parla beaucoup pour ne rien dire et laissa retourner
la mission à Whydah assez satisfaite de son entrevue.
Ce résultat donna de la confiance à Julian et lui fit espérer que
le roi prenait son parti de ce qui était arrivé ; mais le roi n’avait
donné cette tournure aux événements que pour que le chacha ne
soupçonnât rien et qu’il ne pût échapper à la punition qu’il lui
réservait.
Un assez long intervalle s’écoula et, un jour, pour un motif de