_ A Côte d’Or, aux Popos, au Yorouba, on voit des coiffures
bizarres. Les Minahs des deux sexes s’arrangent les cheveux en
petites baguettes raides qui hérissent leur tête. A Accra, ce sont
de petites boules au lieu de bâtons. Aux Popos, les femmes ramènent
en arrière tous leurs cheveux longs et bien peignés, et les
attachent sur le sommet de la tête ; l’extrémité des cheveux est
ensuite arrangée en une petite boule qui surmonte le tout. Cette
dernière coiffure et celle de l’Accraenne sont celles qui vont le
mieux aux négresses.
Dans le Yorouba, la coiffure préférée est une succession de
tresses partant de la naissance des cheveux et allant se joindre de
tous côtés sur le sommet de la tête. Ces petites tresses laissent
voir entre elles le cuir chevelu; les lignes représentent assez
bien comme forme des tranches d’orange. La coiffure en cabasset
exige près d’une journée de travail; mais comme elle subsiste
fort longtemps, elle est préférée par beaucoup de Nagos. Cet ajustement
se fait en tressant les cheveux très serrés et en un monticule
qui part de la nuque pour venir mourir sur le front ; cette éminence
est surmontée d une arête formée par les cheveux; on met
au-dessous de ceux-ci un morceau de bois, et le tout éveille à peu
près l’idée de la partie supérieure du cabasset, cet ancien casque
de guerre ; c’est pourquoi nous lui donnons ce nom. Une coiffure
de ce genre, si elle est bien faite, peut durer quinze jours sans
se détériorer.
Un autre arrangement des cheveux, réservé aux femmes des
grands, consiste à se laisser croître la chevelure, mais en la rasant
autour du front, au-dessus des oreilles et sur la nuque ; cela ressemble
à un bonnet d’astrakan sur une tête rasée ; nous l’appellerons
la coiffure en bonnet.
Puis la coiffure à la mahométane : toute la tête rasée avec une
touffe de cheveux plus ou moins longue sur le sommet ou sur le
côté. Les Nagos de Lagos, qui s’habillent à l’européenne, essayent
de se faire une coiffure dans le même genre ; ils aplatissent leurs
cheveux et tracent au milieu,-au rasoir, une ligne voulant imiter
la raie.
Ornements et bijoux.
Pour ajouter encore à la parure, des bijoux divers sont en usage
chez les indigènes. Nous employons peut-être à tort le mot bijou,
qui s’appliquerait à un ouvrage d’orfèvrerie ou à un petit objet
délicat ; nous entendons désigner un ornement qui sert à la toilette
plutôt qu’un article de valeur.
Les hommes portent autour du cou de petits sachets en cuir
pendus à l’aide d’un cordon, des dents de carnassiers, des calebasses
microscopiques où l’on renferme soi-même des médicaments,
des morceaux de verre, de fer, de corail, de cuir, de bois
et de laiton.
Ils portent autour du biceps des anneaux en verre bleu ou en
ivoire ; autour du poignet, des cordelettes en cuir ou des chaînettes
; autour des reins, des épines dorsales de python, des lanières
de cuir tressé entremêlé de perles ; aux doigts, particulièrement
au pouce, des anneaux en cuivre, ainsi qu’au gros orteil.
Us ont rarement des anneaux aux oreilles.
Les femmes ont une quantité de verroteries de toutes couleurs
et de toutes tailles autour du cou, des bras, des poignets, des
jarrets. Dans le Yorouba, elles se percent les oreilles et agrandissent
le trou assez pour pouvoir y passer une rondelle de bois rouge
de la dimension d’une pièce de I franc. Ces oreilles déformées et
pendantes sont considérées comme une beauté ; un objet recherché
pour remplacer la rondelle en bois est une tranche de bougie dont
on supprime la mèche.
Aux Popos et à la Côte d’Or, les femmes portent des boucles
d’oreilles en perles, en argent et en or, sous forme d’anneaux ou
de boutons, mais petits et délicats.
Au Dahomey, la plupart des femmes n’ont pas même les oreilles
percées. A quoi bon, puisque les pendants sont défendus? Aucun
bijou n’est toléré au Dahomey, sauf pour le roi, les princes et les
chefs qui portent du fer.
N’est-ce pas une belle idée que de faire de ce métal si utile, si
nécessaire,l’apanage exclusif de la noblesse? N’est-ilpas, en effet,
cent fois plus noble que l’or dont se pare tout le monde, si rare
et si commun à la fois ? Et n’est-il pas plus digne de constituer un
privilège de la puissance? « Des guerriers ne doivent se parer que
de fer, » disent sans doute les grands du Dahomey. Et les plus
beaux bijoux européens les laissent froids.
Avec leur simple anneau de fer au poignet et à la cheville, les
rois dahomiens respirent la noblesse, la puissance et la simplicité.
Les différentes classes ont un costume ou une ornementation
qui leur est propre.