dais), e t sept agents de maisons de commerce : MM. Bontemps (agent consulaire
de France à Whydah), Piétri, Chaudoin, Denlay, Heuzé, Leyraud e t
Thoris. On les interroge sur les intentions de M. Bayol vis-à-vis du Dahomey
et voyant q u ’ils ne peuvent donner aucun renseignement, on se contente
de les garder ju sq u ’à décision du roi à leur égard.
Whydah, 27 février. — Les Français prisonniers quittent Whydah, se
rendant enchaînés à la capitale.
Kotonou, 1er mars. — Sur les conseils d’un agent de commerce, qui
faillit, par son assurance et sa parfaite ignorance des lieux, être cause d’un
désastre, une colonne se dirigeait, par le lac Denham, sur Zogbo, un village
situé au nord-nord-ouest de Kotonou et à l’est de Godomé. Le but de l’expédition
était de surprendre une armée dahomienne qu’on savait se former
dans les environs. La configuration du lieu se prêtait admirablement à une
surprise de la part de l’ennemi.
On arrive à Zogbo, après avoir quitté le lac Denham, p a r une petite lagune
qui aboutit à un chenal bourbeux et sans eau'de 2 mètres de large, droit
comme un i et perpendiculaire à la côte ; il a environ 150 mètres de long.
Le débarcadère est au bout. C’est l’entrée voûtée d’une forêt après quelques
mètres d un terrain bordé de hautes herbes.. L’expédition fut ainsi signalée
une heure au moins avant son a rriv é e ^ les eaux étaient très basses, les
embarcations ne pouvaient avancer et les tirailleurs, dans la boue jusqu’à
la ceinture, les portaient plutôt qu’ils ne les poussaient.
Les troupes furent accueillies, à peine furent-elles à te rre , p a r une grêle
de balles presque à bout portant. Deux miliciens (Aoussas engagés à Porto-
Novo), qui étaient en avant de quelques pas, furent tués raides, et nos pertes
ne se bornèrent qu’à quelques blessés, grâce à la maladresse des Daho-
miens ; sans cela, la colonne eût été forcée de battre en retraite avec des
pertes considérables.
Le premier feu essuyé, on fit un mouvement en avant ; avec des feux de
salve, on nettoya le terrain, du moins en apparence, car on ne vit aucune
trace d ennemis, sauf, peut-être, un ou deux morts dans les fourrés. Après
avoir fait reconnaître l’endroit, sans résultat, dans toutes les directions et
brûlé le village, l’expédition re n tra à Kotonou, rapportant quelques fusils et
quelques barils de poudre trouvés dans les caves.
Sur ces entrefaites, les préparatifs continuaient toujours à Kotonou ; on
sentait vaguement qu’une attaque du Dahomey était imminente. Aussi finis-
sait-on à la h âte de déblayer le terrain, d’accumuler des abatis et de te rminer
les fortifications destinées à soutenir la première attaque et tenir
l ’ennemi à distance.
Voici quelles étaient nos forces, à cette époque, et comment elles étaient
distribuées. A Kotonou, les troupes se composaient :
2® et 4e compagnie de tirailleurs sénégalais, environ 240 hommes.
1« section de la 10® compagnie de tirailleurs sénégalais. 30 —
1 peloton de la compagnie de tirailleurs gabonnais 60 —
8 artilleurs........................................................................ ’ 8 _
Total.................................. 33g hommes.
Soit 338 hommes, 13 officiers, 2 pièces de 4, 2 de 80 de campagne.
Le lieutenant-colonel Terrillon (il reçut avis de son avancement à Kolo-
nou) était commandant supérieur des troupes et d e là défense. Homme d’un
grand sang-froid et d’un savoir militaire incontestable, il ne regretta qu’une
chose pendant toute la campagne : c’est que les effectifs insuffisants dont
il disposait ne lui aient pas permis de ten te r une marche sérieuse sur
l’ennemi. Attaché à sa personne, le capitaine d’état-major Septans, venu,
depuis deux mois déjà, étudier la question de défense en vue de la prochaine
expédition.
Les autres officiers qui prirent p a rt à l’expédition étaient les capitaines
Oudard, Pansier, Lemoine, Arnoux ; les lieutenants Colombier, La Gaspie,
Huillard, Compeyrat ; les sous-lieutenants Mousset, Tyffon, Simanski. Tous
étaient à Kotonou, sauf le capitaine Arnoux et le sous-lieutenant Simanski,
qui commandaient, à Porto-Novo, trois sections de la 10e compagnie de
tirailleurs sénégalais. Il y avait, en outre, environ deux cents hommes
donnés p ar le roi Toffa et qu’on appelait, à tort, les auxiliaires; loin d’être
d’aucune utilité, ils ne servirent jamais qu’à je te r le désordre.
Telle était la situation, à Kotonou, le 3 mars au soir. En rade, le croiseur
le Sané, commandé p a r le capitaine de vaisseau Fournier.
K o t o n o u , 4 mars. — Vers 5 heures du matin, le lieutenant Compeyrat,
qui veillait, avec une section, dans un fortin inachevé situé à l’extrémité
nord de Kotonou, avait cru, à plusieurs reprises, entendre de légers bruits
autour de lui. Il avait interrogé un tirailleur en faction, et le Sénégalais,
plus habitué que lui à voir dans l’obscurité, n ’avait rien signalé d’anormal.
Pourtant, le vigilant officier ne fut pas convaincu qu’il faisait erreu r et il
redoubla d’attention ; la nuit était noire et il s’écoulerait presque une demi-
heure avant les premières lueurs de l’aurore.
Le lieutenant Compeyrat et le factionnaire s’aperçoivent, quelques secondes
avant d’être surpris, que des gens rampaient au pied de la palissade, à quelques
mètres d’eux ; des ombres glissent sans bruit et ressemblent, dans les
ténèbres, aux ondulations de l’herbe agitée p ar la brise. Il assemble ses
hommes e t fait exécuter aussitôt un feu nourri balayant la plaine devant lui.
C’est le signal de l’attaque. Les Dahomiens, se voyant découverts, poussent
des clameurs formidables ; ils, se précipitent sur tous les avant-postes
e t attaquent en même temps le détachement de la gore et le poste du capitaine
Oudard, situé entre les deux.
A là gore, le poste est surpris, un sergent et neuf hommes combattent
corps à corps; le sergent perd la tête et prend la fuite avec quelques
hommes, favorisés p a r l’obscurité ; les autres sont tués e t décapités immédiatement.
L’attaque des Dahomiens, cette fois, est des plus sérieuses ; de tous côtés,
on entend les cris sauvages, les détonations.
Au premier feu, le capitaine Oudard se trouvait, comme nous l’avons dit,
au milieu de deux postes attaqués, la gore et le fortin du lieutenant Compeyrat,
éloignés de 400 mètres environ l’un de l’autre ; sans quitter sa position
et abrité par quelques abatis, il fait exécuter des feux de salve à droite
et à gauche dans la direction où il entend l’ennemi.
La 2* compagnie sort de la factorerie, se porte en avant vers la gore et,
après avoir repoussé l’ennemi qui s’y était déjà logé, fait également des