taines localités, dès qu’il n’y a plus de place pour enterrer les
morts sous la case, on s’en va loger ailleurs, abandonnant toutes
les tombes anciennes à la pioche d’un nouvel occupant.
Chaque fois qu’il y a enterrement, on refait par conséquent une
partie du parquet.
Quant aux habitants des villages lacustres, ils vont enterrer
leurs morts à terre, sur le bord des lagunes.
Les indigènes, sauf quelques détails, n’ont jamais suivi l’exemple
des Européens ; ils n’ont fait aucune tentative pour améliorer leur
genre d’habitation en quoi que ce soit.
Ils ne se rendent pas compte que leur façon de se loger est la
cause, chez eux, de beaucoup de maladies. Il est encore plus malsain
dans les pays chauds que dans les régions tempérées, de se
calfeutrer en grand nombre dans un espace restreint, surtout
quand, pendant la journée, l’air ne s’est même pas renouvelé.
Une grande humidité se manifeste dans les habitations en terre;
les insectes de toutes sortes, attirés par les débris qu’on balaye
rarement, remplissent la maison ; les rats courent partout, les serpents
se logent dans la paille des toitures, des milliers de termites
rongent les boiseries et l’araignée file en paix sa toile dans
tous les coins.
Les maisons en paille sont plus propres, parce qu’elles sont
plus aérées, mais la négligence des habitants y est la même.
A côté de cette grande majorité, il y a de rares indigènes qui
ont l’amour de la propreté. On voit quelquefois dans une case un
parquet bien balayé et le maître de la maison sommeillant sur une
natte propre ; les femmes font leur ménage dans la cour, et les
enfants, les chiens, les poules passent la journée dehors.
Dans ces dernières cases, on aperçoit quelquefois aussi des
traces de mobilier : parfois un canapé-lit, des tabourets en bambou,
une natte à claire-voie devant la porte permettant de voir les
passants, sans être aperçu d’eux ; en un mot, l’habitation du noir
devient aussi confortable que le permettent les moyens du pays.
Mais, malheureusement, on compte les exemples de ce genre.
Ceux qui pratiquent une industrie quelconque possèdent quelquefois
une deuxième pièce ou même une deuxième case à cet
effet, surtout lorsqu’ils ont un matériel encombrant; d’autres travaillent
dans la cour ou devant leur porte : parfois même, la rue
étant trop étroite, ils vont s’installer sous un arbre sur la place la
plus voisine.
L’HABITATION. 183
On rencontre dans certaines villes, comme Abomey, Porto-Novo,
Whydah, des assemblages de cases occupées par des gens exerçant
un même métier; il n’y a, dans ce cas, aucune séparation
entre les cours, et les gens qui habitent ces salams, comme on les
appelle, forment une sorte de communauté ; tels les féticheurs et
féticheuses, quelquefois les teinturiers, les potiers, les sculpteurs,
les forgerons, etc.
En plus des habitations, il y a dans les villes, comme constructions,
une quantité de temples fétiches où les locaux occupés par
les divinités sont beaucoup mieux entretenus que les.intérieurs
noirs, Ces temples sont de petites cases rondes,, ovales ou rectangulaires,
à deux compartiments séparés par une natte formant
portière. Point de porte en bambou à l’extérieur, une simple
ouverture en tient lieu. Les temples sont construits avec les mêmes
matériaux que les cases de la zone. Le peu dé chaux dont les indigènes
disposent est réservé à en blanchir le dedans et le dehors
des murs, lorsque ceux-ci sont en terre.
En somme, l’habitation est fort primitive, malsaine et incommode.
On a peu d’exemples d’améliorations tentées par les indigènes.
Le roi Mecpon fit élever, à Porto-Novo, une maison à deux étages
sur des murs formidables ; à sa mort, cette construction fut abandonnée
; le modèle en était européen. Quoique cet édifice, extra- ■
ordinaire pour les noirs, n’ait jamais été terminé, qu’il en soit
tombé une grande partie, on y voit de grandes ouvertures rectangulaires
destinées à des fenêtres, de grandes portes, des cages
d’escalier, etc. Si ce monument avait été achevé, il eût été vraiment
remarquable.
A Whydah et à Abomey, on remarque quelques-unes de ces
grandes constructions, la plupart en ruines aujourd’hui, témoignant
encore des splendeurs d’autrefois, au moment où l’on faisait fortune
avec la traite des esclaves.